Avez-vous déjà pensé à transformer votre carrière ? L’épisode d’aujourd’hui est pour vous ! J’ai eu l’immense plaisir de discuter avec Amandine Maroteau, fondatrice de l’atelier Compostelle. Basée à la fois au Luxembourg et en France, Amandine dirige deux agences florissantes avec une équipe dévouée de dix personnes. Ancienne avocate, elle nous raconte son étonnante reconversion vers l’architecture d’intérieur, inspirée par une rencontre cruciale.

Au Programme :

– Débuts et Reconversion: découvre le moment décisif où Amandine a quitté une carrière d’avocate pour se lancer dans l’architecture d’intérieur.

– Créer et Diriger: comment elle a su se constituer une équipe forte et autonome, et les challenges d’ouvrir un bureau à Paris.

– Collaboration et Innovation: des collaborations enrichissantes avec divers créateurs et éditeurs, de la curation d’expositions d’art contemporain aux collections de peinture.

– Méthodologie et Vision: sa vision d’entreprise et ses conseils avisés pour les nouveaux entrepreneurs dans des périodes de turbulence.

👉 N’attends plus ! Écoutez cet épisode fascinant ! 👈  

Un énorme merci à Amandine Maroteau pour ce partage inspirant et généreux. 🎉 

SiteInstagramLinkedInYoutubePinterest

#Podcast #Architecture #Inspiration #Reconversion #Art #DesignIntérieur #Entrepreneuriat

La transcription de cet interview (fait par Autoscript et pas relu) :

Floortje (00:00:07.86 –> 00:05:01.24) : Aujourd’hui, je suis avec Amandine Marotto de l’atelier Compostelle. Elle est basée à Luxembourg et en France. Elle a donc deux agences. Ce qui est génial, elle travaille avec dix personnes. Elle a aussi des associations. En tout cas, c’est une carrière que moi, je m’admire déjà davantage. Donc, j’ai trop envie d’en apprendre plus. Salut Amandine. Salut Flore. Merci beaucoup de donner la parole. Je suis ravie de partager avec toi les dix premières années de l’atelier Compostelle et j’espère pas les dix dernières, évidemment. Non, on va compter sur dix, douze de plus, non ? Voilà, on va aller loin. Au moins. Merci d’être avec moi.

Amandine Maroteau (00:05:01.92 –> 00:05:02.46) : Bien sûr. Écoute, est-ce que tu peux commencer par nous amener à tes débuts ? Tu m’as dit que tu étais issue d’une reconversion. Est-ce que tu peux commencer là ? Oui, je vais commencer au moment où tout a basculé. Je vais te raconter le moment où j’ai décidé de quitter la profession d’avocat, alors que j’aimais bien ça par ailleurs et ce n’était pas un souhait de quitter cette profession, mais plutôt d’essayer autre chose. J’ai passé le même jour à Lyon, des entretiens dans un cabinet d’avocats et à Créade. En sortant de Créade, il fallait que je prenne une décision avant de rentrer chez moi. Et donc, en passant sur un pont au-dessus du Rhône, j’ai dit voilà, maintenant, de l’autre côté du pont, j’aurais décidé si je continue à être avocat ou si je tente d’être décoratrice et un jour, acheter avec l’intérieur. Et en fait, la décision, ce qui a fait basculer notamment, c’est Patricia, qui était la directrice de Créade à l’époque, qui était quelqu’un de passionné, de passionnant. Et elle m’avait, en une heure d’entretien, elle m’avait vraiment donné envie d’essayer. Elle m’avait convaincue, elle avait conforté une conviction qui était que quand on transforme en intérieur, en fait, on transforme les gens en profondeur, on transforme les relations sociales. Et c’est d’une certaine manière une façon de changer le monde, ce qui me parlait. Donc, on essaie et puis on va voir. Quand est-ce que cette envie d’être décoratrice et ensuite architecte, est née parce que tu as sciemment pris la décision quand même de passer des années à l’école histoire d’être avocate ? Avocate, ce n’est pas genre on fait. Non, non. Alors après, moi, j’adore apprendre. Donc, il se trouve que même aujourd’hui, après dix ans d’atelier, je continue à faire des formations en données, à apprendre sur différents sujets, tout le sujet art contemporain, par exemple, depuis quelques années. On pourra en parler ensemble. Donc, quand on est bon à l’école et qu’on grandit en province, en fait, il y a des horizons. Ils sont un peu tracés. Je voulais être vétérinaire au départ parce que j’ai l’équitation à haut niveau et ça me paraissait super. Sauf qu’en fait, ce n’était pas un métier compatible avec ma personnalité, je pense. Et avocat, ça me parlait. Il y avait un côté hyper social. Il y avait un côté où il y avait de vrais enjeux. Il y avait des métiers extrêmement différents derrière une globalité. Et donc, j’ai choisi d’être avocat, mais avec un volet qui était quand même orienté immobilier et politique européenne. Donc, j’ai fait aussi Sciences Po à Paris et du lobbying, des études de lobbying. Voilà, donc mon projet était peut-être très avocat, mais en tout cas, de travailler dans un environnement international autour du droit, mais pas que. D’accord. Et au bout de quelques années, je travaille dans différents pays. J’ai été au Luxembourg et j’ai toujours aimé la décoration, j’ai toujours aimé aménager, j’ai toujours aimé recevoir, faire des belles tables, réfléchir aux lieux. Mais comme beaucoup d’entre nous, finalement.Mais je sentais que j’arrivais à le faire sans trop savoir le pourquoi du comment. Et vraiment, un peu par hasard, dans une discussion un matin, je me suis dit que j’aimerais peut-être faire ce métier-là. Et en fait, mon mari avait déjà fait des recherches sur des écoles en sachant que moi, il faut que ça aille vite. Et donc, le jour où je formulerai éventuellement ce souhait, il fallait que j’ai plus qu’à remplir les dossiers, passer des concours et rouler jeunesse, en gros.

Floortje (00:05:32.34 –> 00:08:28.68) : Parce que ton mari a déjà fait des recherches.

Amandine Maroteau (00:08:28.68 –> 00:08:28.68) : Oui. Parce qu’il a entendu un petit peu le truc à droite et à gauche. Oui. Alors après, lui est avocat, toujours. Il est excellent. Il m’aidait énormément quand moi, j’étais avocat sur tous les sujets de technique juridique. Moi, j’étais vraiment le profil parfait de la collaboratrice qu’on envoie en rendez-vous client. Parce que c’est vraiment mon charisme, c’est ce que j’aime faire. Et j’étais dans un super cabinet. Donc, oui. Ça se passait vraiment très bien. Mais par contre, il me préparait à tous ces rendez-vous-là. Et il avait dû quand même bien se rendre compte que ce qui me passionnait, ce n’était pas de faire des recherches. Ce n’était pas de revoir 15 fois le même document. C’était la manière dont j’allais pouvoir impacter positivement le business de nos clients. Oui. Donc, comme ça, il y avait un lien avec l’architecture et la décoration. Oui, mais juste faire la démarche, déjà de faire la recherche des écoles. Parce qu’il sait tellement que si toi, tu es prête, qu’il va falloir que ça saute. C’est marrant. Oui, mais ça va être complémentaire sur des sujets. Mais de compréhension de l’un et de l’autre. Oui, c’est génial. Et de lire entre les lignes, finalement. Quel est le charisme de chacun. C’est super. On dégraisse. Vas-y. Donc, du coup, c’est là où tu dis, OK, je vais passer deux entretiens. Oui, exactement. Parce qu’en fait, on avait déménagé à Lyon pour que mon mari crée un cabinet avec d’anciens confrères parisiens. Et il y avait des écoles de déco. Donc, ça tombait bien. Je pouvais éventuellement faire ça. Mais je n’étais quand même pas tout à fait sûre. Attends, parce que je ne sais pas dessiner. Enfin, je ne sais toujours pas dessiner. Les logiciels, dessiner des plans. Et derrière un ordinateur la journée, moi, ce n’est pas mon truc non plus. Donc, il fallait voir si c’était possible. Et c’est vrai que les premiers, quand je choisis de faire cette école-là, les premiers cours étaient extrêmement difficiles. Parce que, en fait, ça faisait bien marrer les profs. Mes concepts étaient top. En revanche, à dessiner, il fallait faire une sphère. J’ai fait un rond. Le prof est venu. Il a mis deux oreilles. Il a dit, super, l’escargot. Bon, ben voilà. Et puis, un an après, je ne savais toujours pas dessiner. Dix ans après, j’ai fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de croquis d’intention. Mais c’est un peu une blague au bureau où, en fait, j’écris très mal. Je ne dessine pas très bien. En revanche, toutes les personnes qui travaillent avec moi ont appris, en fait, à comprendre ce que je voulais dire. Et à traduire. Et à réécrire pour les nouveaux, les nouvelles. Ce que j’ai voulu noter. Donc, j’aime bien expliquer. J’aime bien lancer les idées, lancer les projets. Et ça, à l’école, ça marchait très bien. Je me suis hyper bien entendue avec nos profs. En revanche, c’est vrai que faire les dossiers de fin d’année, c’était un peu la tannée. Oui. Donc là, tu choisis. Tu es de l’autre côté du pont. Tu dis, OK, c’est fait. Je prends cette décision-là. En fait, Patricia m’ayant dit, si ce n’est pas vous qui venez à l’école, l’école n’est faite pour personne. Ça a quand même conforté le fait que j’avais peut-être une place. Et qu’il y avait une opportunité, en tout cas, à ce moment-là, de créer quelque chose qui n’existait pas encore.

Floortje (00:08:31.35 –> 00:12:02.50) : Oui, je comprends. Et donc, tu rentres à Créad. Tu ne sais pas dessiner, mais visiblement, ça se passe quand même bien.

Amandine Maroteau (00:12:02.58 –> 00:12:03.28) : Oui, parce que je voyais quand même les volumes. En fait, on le voit bien dans nos métiers, il y a des prérequis scolaires. Mais finalement, chacun a sa tonalité, chacun a sa manière de travailler. Et puis, on s’entoure de gens qui savent faire ce que l’on ne sait pas faire. Donc, ils font mieux que nous. Je crois que c’est un peu le principe de l’entreprise. C’est ce que tu as fait dès le départ. Oui. Oui, parce qu’en fait, pendant Créade… Alors, quand j’ai quitté, en fait, Luxembourg, j’ai discuté avec mes boss de l’époque. en disant, je ne sais pas si je pars vraiment, peut-être que je reviens dans un an. Et donc, en fait, j’avais quand même sécurisé le fait de pouvoir récupérer mon poste. Mais tous m’ont dit, en fait, que tu étais une bonne avocate, que tu serais une bonne architecte. Et si tu fais ça, dis-le nous. Il y avait plein de sujets que j’avais soulevés en étant chez les uns et les autres. Et en fait, qui pouvaient être traités si je revenais en tant qu’archi. Et donc, quand je leur ai dit que j’avais effectivement commencé l’école et qu’il était quand même probable que je revienne à Luxembourg, ils ont tous joué le jeu. Et donc, j’ai commencé à avoir du travail, en fait, pendant l’école. Donc, pendant l’école, autant te dire que chiffrer un chantier, rédiger un DCE, tracer un plan de plafond froid ou comparer les devis d’enduiseurs, c’était pas du tout dans mes cordes. Donc, j’ai demandé à un ami ingénieur de travailler avec moi. Et j’ai demandé à deux personnes de l’école qui étaient déjà super fort en plan et en 3D, l’un, en fait, de me tracer les plans que l’ingénieur allait relever. Et puis, on a échangé ensemble, en fait. J’étais déjà en mode notation et je leur transmettais ce que moi, je voulais proposer. Eux le faisaient. Et puis, une deuxième personne qui faisait les 3D. Après, j’ai appris à faire tout ça pendant deux, trois ans. Dans une partie des projets, c’est moi qui le faisais. Mais c’était clairement pas mon… Voilà, ça me passionnait pas. Il fallait savoir faire pour comprendre le temps qu’il faut, pour épauler l’équipe dans le rush, etc. Mais c’était pas le sujet sur lequel je voulais. Je voulais vraiment consacrer mon temps. Je voulais vraiment créer une entreprise d’architecture et de décoration. Et donc, je voulais vraiment très vite monter une équipe avec des gens qui soient les mieux formés possible, qui aient le meilleur état d’esprit possible et qui soient super, super autonomes, avec une très forte cohésion. Ça, c’était vraiment mon ambition. Je voulais vraiment créer la meilleure agence possible et pas moins être, en tant qu’Amandine, la meilleure architecte. Tant mieux si je ne suis pas trop mauvaise. En revanche, c’est ensemble qu’on doit être fortes. Donc, est-ce que toi, t’as d’abord une entreprise ? Ou est-ce que d’abord, t’es architecte d’intérieur ? Non, moi, j’ai tout de suite créé l’atelier. Oui. Et on a tout de suite fait de la déco et de l’architecture d’intérieur. Par contre, en termes de diplôme, parce qu’on est français, la formation initiale était en tant que décorateur d’intérieur. Et pendant trois ans, j’ai continué à distance et j’ai déposé progressivement des dossiers techniques, etc. Et au bout de trois ans, j’ai passé les examens d’architecture. Donc, il a fallu trois ans pour être complètement formé et avoir les diplômes qui permettent de travailler de manière sereine. Et donc, t’as eu le diplôme d’architecte d’intérieur à distance ? Alors, j’ai continué la formation à distance, mais par contre, j’ai passé les examens sur place. D’accord. C’est là où t’as pu effectivement basculer réellement sur quelque chose, décoration et architecte d’intérieur. Exactement. Oui, tout à fait.

Floortje (00:12:04.04 –> 00:12:48.12) : Et donc là, tu sors de Créad. Tu travailles plus ou moins déjà avec des personnes. Oui. Parce que toi, très clairement, tu sais ce que tu veux et ce que tu ne veux pas faire. Mais tu es aussi plutôt très consciente, je trouve ça génial, de ce que tu peux et que tu ne peux pas faire.

Amandine Maroteau (00:12:48.12 –> 00:12:48.12) : Oui. Oui, oui. Je sais que je suis ambitieuse, persévérante. J’ai une bonne vision des espaces. J’adore les gens et en fait, j’ai un réel, sincère intérêt pour les personnes que je rencontre. En revanche, je n’ai aucun intérêt pour le fait de passer huit ou neuf heures à rechecker pour la dixième fois mes réseaux de plomberie. Donc, on a tous des compétences, des qualités et des défauts. Moi, je suis super forte pour initier les projets, pour trouver de nouvelles idées, pour résoudre des problèmes. On en résout beaucoup, surtout aujourd’hui, on pourrait en parler. En revanche, c’est vrai que le côté exécution m’ennuie assez vite. Enfin, je m’ennuie assez vite de manière générale. Donc ça, je le savais, ce n’était pas nouveau. Et il fallait, c’est parce qu’on a un métier, qu’on considère qu’on est un métier passion, que tout est passionnant. C’est clair. Tout le micro-management, tout l’administratif, toute la comptabilité qui sont essentielles, ça très vite, c’est pareil. J’ai très vite aussi pris quelqu’un pour faire ça avec moi. Et puis aussi pour que dans la vision d’entreprise, et même quand on est de trois ou dix, ce n’est pas gros, qu’il y ait tout de suite une structure et qu’il y ait un filtre aussi entre le job de chacun. Ma position auprès des membres de l’atelier et les questions pratiques de finances, d’administratif. Je pense aussi que c’est bien que nos clients puissent parler à différentes personnes sur différents sujets.

Floortje (00:13:02.96 –> 00:13:48.14) : Bien sûr.

Amandine Maroteau (00:13:48.44 –> 00:13:49.06) : Il faut protéger la qualité des relations. Et donc, je trouve très bien que chacun soit à sa place. On va faire un petit aparté, parce que j’aimerais bien le soulever plutôt maintenant. Cette idée de ce que je pense moi. Aujourd’hui, il est trop facile. ça devient mal d’éléments pour te répondre, mais je trouve ça très positif qu’on soit plus nombreux. Je pense que créer l’entreprise, c’est une responsabilité. Engager des gens, ça en est encore une autre. Et être engagé par nos clients, ça l’est aussi. Et je crois qu’à chacun de juger, dans sa manière de travailler, dans sa manière d’être architecte, les sujets, les marchés, sur lesquels il ou elle peut se positionner, en conscience et en responsabilité.

Floortje (00:16:36.98 –> 00:18:51.52) : C’est ca

Amandine Maroteau (00:19:21.51 –> 00:23:48.32) : C’est des vraies questions, je trouve, qui se posent aujourd’hui. En tout cas, on n’a pas un métier pour nous. On ne prend pas un projet pour juste se faire plaisir. On se prend des métiers passion. Quand un dossier arrive à l’atelier, on ne se demande pas si… Bien sûr, on se demande si on a envie de l’avoir ou pas, évidemment. Parce que ça va durer longtemps. ce n’est pas pour nous qu’on va dessiner. Ce n’est pas pour nous qu’on va suivre un chantier directement. On va le faire pour une autre entité qui est chez nous aussi bien des particuliers que beaucoup d’entreprises. Et donc, on va le faire au service d’une image de marque, au service d’un projet d’entreprise. Et donc, on doit se mettre à la place de nos clients et d’abord comprendre qui ils sont, quel est leur marché, quels sont leurs engagements, quelles sont leurs ambitions. Et donc, tout ça, en fait, c’est d’abord de l’entreprise avant d’être de l’architecture d’intérieur. Oui, parce qu’il y a forcément aussi la notion de rentabilité. Évidemment. Oui, on ne dirige pas une association. On n’a pas de subventions. Et encore, une association doit être à l’équilibre, évidemment. Mais on doit développer, on doit grandir, on doit progresser, on doit s’équiper, on doit loger les équipes, on doit faire progresser tout le monde ensemble. Enfin, il y a plein de sujets. Et l’entreprise n’existe et ne grandit évidemment que quand elle est rentable. Mais je pense que c’est la juste contrepartie de l’énorme valeur que l’on crée, aussi bien du temps que l’on fait gagner que de la valeur que prennent nos entreprises, les entreprises de nos clients, les biens immobiliers sur lesquels on travaille. Et quand on change, on aide nos clients à appuyer l’évolution de leur management, à faire changer la manière dont les gens se parlent entre eux, dont les clients perçoivent l’entreprise. Grâce au travail qu’on aura fait ensemble, le business de nos clients fonctionne encore mieux, qu’ils sont plus désirables pour leurs clients, que leurs clients viennent beaucoup plus à leur bureau, qu’ils les recommandent beaucoup plus et qu’ils sont aussi assez fiers de travailler finalement dans ces entités-là et avec ces gens-là. Ce n’est pas juste joli. En fait, on a un impact très fort sur leur développement aussi. Et ça, c’est extrêmement important. C’est important de mettre le point là-dessus. Ce qu’on apporte aux clients est équivalent à la rentabilité qu’on a le droit de dégager. Je trouve, pour être très honnête, qu’on fait partie des métiers qui sont très mal rémunérés en proportion de la valeur que l’on crée. On crée une valeur extrêmement importante le niveau d’honoraires, quel qu’il soit, que l’on peut facturer et que l’on arrive à faire valider, parce qu’il faut le faire en début de projet souvent, n’est pas du tout adapté. Il y a un énorme travail à faire encore pour valoriser correctement nos métiers. Et ça, c’est un combat quotidien. C’est de faire percevoir la valeur que l’on crée le nombre de fois où, en fin de chante, on dit « mais vous n’êtes vraiment pas assez cher ». Mais la perception de valeur aujourd’hui, si j’avais mis ce prix-là sur une offre au début, je ne l’aurais pas signé. Oui, bien sûr. Mais c’est quelque chose qui se développe encore énormément aujourd’hui et qui demande encore beaucoup de pédagogie. Oui, parce qu’il y a la perception du « on saura faire soi-même ». Tout le monde pense, avant d’avoir expérimenté évidemment, et de se rendre compte de l’enfer qu’est peut-être un chantier, du niveau incroyable de stress que peut être une prise de décision. Énormément de personnes, y compris de facility managers, parfois pensent qu’ils vont pouvoir faire en interne, et on récupère très souvent des projets workspace, après quelques semaines où en fait ils se rendent compte qu’ils ne savent pas par où commencer, que leurs process ne sont pas adaptés aux sujets qu’ils vont devoir traiter, qu’ils n’ont pas le moindre début de réseau dans les entreprises dont ils ont besoin, qu’ils ne connaissent pas les procédures administratives, qu’ils n’ont pas pensé à appeler l’assureur. Et nous, notre job, c’est tout ça en fait. C’est de sécuriser l’ensemble du process, et je reviens au fait de notre travail, c’est de rendre possible.

Floortje (00:23:51.72 –> 00:24:18.38) : Oui, bien sûr. Alors, revenons à ta sortie des créades, parce qu’on en était là. Donc, tout de suite, tu as pris cette décision de déléguer, parce que tu sais ce que tu peux et ce que tu veux. Est-ce que tout de suite, tu avais aussi une vision, d’agence internationale ? Est-ce que tout de suite, tu avais une vision d’une équipe de 10 personnes ? Ou est-ce que ça, c’est venu graduellement ? Et comment tu as posé ça ?

Amandine Maroteau (00:24:20.60 –> 00:28:58.21) : Non, alors en fait, le fait que je voulais avoir une entreprise qui ait une taille critique, qui permette d’avoir des projets intéressants, ça, je savais qu’il fallait y arriver. Je ne savais pas exactement comment.Mais voilà, à force d’en parler, d’essayer de modéliser le truc, on a commencé par la première personne, Céline, qui est arrivée. Elle est d’abord arrivée en stage, puis en contrat étudiant, puis en CDD, puis en CDI. Et en fait, c’est un peu comme ça que le premier recrutement est le plus difficile, je trouve. On dit beaucoup, tant qu’on n’est pas 10, le moindre recrutement raté peut être catastrophique. Donc, on est encore dans cette zone-là où si on se trompe, c’est encore grave.Donc, voilà, je voulais arriver à une entité, alors deux, ça ne change pas trop, mais en tout cas, avec des gens qui soient super forts, qui soient très indépendants, autonomes, qui puissent apporter beaucoup à l’entreprise et à nos clients, et qui soient des moteurs. Moi, je recrute d’abord sur la personnalité, des gens qui sont de bonne humeur. On a des jours avec, on a des jours sans. Pour être honnête, j’ai eu une journée horrible hier. Ça arrive, en fait. Et j’étais hyper heureuse de pouvoir le dire, d’en parler à des amis proches, d’en parler indirectement à mes rendez-vous de l’après-midi, par exemple. J’étais en showroom, avec une de mes collaboratrices, avec des clients et avec des gens à qui on a toute confiance. Et elle sentait que je n’étais pas… Voilà, moi, je suis quelqu’un d’hyper enthousiaste. Tout va toujours bien. Et il y a des jours, ça va moins bien. Il se passe des trucs dans notre tête qui… On va être des humains. Et en revanche, notre rôle d’entrepreneur, c’est que ça ne dure pas trop longtemps. Ces phases-là un peu… Ces heures, parfois, où on est un peu moins bien. Mais c’est juste la vie réelle, en fait. Et pour ça, il ne faut pas être seule. Et donc, tout ça, je savais que ça arriverait. Je savais très bien que sur un projet, notre premier gros projet de bureau, par exemple, on nous a demandé de trouver le bâtiment. Il se trouve que comme je travaillais pour notamment des foncières immobilières et Sibir Richard Ellis, quand j’étais avocat, j’avais tout ce réseau-là déjà. Et donc, un client nous a demandé de trouver un bâtiment et de le rénover. En fait, il m’a fait confiance en moins tant de personnes. Je lui ai dit que je n’avais jamais fait de projet de bureau, mais que l’ingénieur avec qui je travaillais, lui, il faisait depuis 10 ans. Il m’a dit qu’en fait, on vous a recommandé, à l’époque, comme avocat. Et puis, quand on vous a contacté, vous étiez partie. Et on s’est dit que quand elle revient, en fait, c’est elle qui comprendra. Et là, on se rend compte que la force des relations qu’on a avec nos clients et avec nos collègues et avec nos confrères, par la preuve, par l’exemple, est hyper forte. Et donc ça, j’étais certaine que pour arriver à exercer ce métier-là à la manière dont je voulais l’exercer moi, il faudrait une équipe. Et il faudrait des gens qui soient capables de prendre le relais les uns avec les autres. Et il faudrait des gens qui puissent avoir un double, un triple regard sur une question, qui soient hyper orientés vers la recherche de solutions. Moi, les sujets, ils remontent chez moi au bureau quand vraiment il n’y a pas de solution ou quand il faut aller beaucoup plus vite. Mais voilà, l’équipe, elle travaille toujours en binôme et elle s’entraide beaucoup, en fait. Il y a toujours ce double regard permanent pour qu’on ait toujours le même niveau, la même exigence, le même engagement, tout au long d’un projet, même quand c’est des projets assez longs, sur 18 mois et 2 ans. Donc ça, je savais. Après, il y a le comment on fait. On a toujours un peu peur du premier salaire, on a toujours un peu peur du premier bureau qu’on va louer, puis du premier bureau qu’on va acheter, puis des équipes faux. Et voilà, quand on est une dizaine, il faut équiper tout le monde. Je veux dire des téléphones, des ordinateurs, des bureaux. C’est bête, hein, mais en fait, je marche sur le ciel et ma responsabilité est que l’équipe soit occupée et qu’elle, elle, soit concentrée sur le développement des projets, sur l’excellence du travail qu’on va rendre et que moi, je prenne le reste sur mes épaules. Donc c’était clair. Je savais où je voulais aller. Je savais quelle entreprise je voulais avoir. Mais bon, il faut un peu de temps après pour que ça… Oui, mais après, il y a deux questions qui viennent tout de suite. Déjà, premièrement, quelle décision… Tu as pris la décision de poser cette vision-là très clairement. Après, entre le moment de le poser et le moment de le vivre, il y a forcément d’autres décisions en direction de ton objectif qui ont été posées. J’aimerais bien connaître ta réponse, de dire, mais qu’est-ce que… Je sais qu’il y a eu des moments clés, forcément, dans ce processus où tu es allée dans… Non, mais les moments clés, ils sont la confiance qu’on nous accorde. Moi, pour moi, chaque moment clé, c’est quelqu’un qui m’a accordé sa confiance. On ne développe rien sans… Enfin, on ne travaille pas seul, en fait. Oui, mais tu es allée chercher cette confiance-là. Oui, probablement. J’inspire confiance. Voilà, on l’avait évoqué. Je m’intéresse sincèrement aux gens que je rencontre. Et quand je commence un projet de bureau, par exemple, mon travail de préparation, il n’est pas en train de regarder des plans. Je regarde tout ce qu’ils font, tout ce que je peux lire sur eux. J’écoute… Je lis leurs articles, j’écoute les éventuels podcasts, interviews auxquelles ils ou elles ont pu répondre. Je crois que c’est comme ça qu’on crée la confiance et quand on montre qu’on sait qui vous êtes, on va s’intéresser à vous. Et ça crée une forme de connivence aussi et de facilité d’échange. Donc ça, c’est hyper important. Les moments clés, c’est sûr, c’est le côté confiance. C’est le côté confiance, quand on confie des projets ou soit très visibles, soit un gros entaille, en fait, qui nous pousse à progresser.

Amandine Maroteau (00:29:00.25 –> 00:30:00.77) : Et puis quand on nous choisit, c’est un énorme privilège d’être choisi. On n’est pas seul. Et donc moi, je suis extrêmement attachée à ce qu’on célèbre chacune des petites réussites. Et chaque fois qu’on est choisi au bureau, il y a un petit… On a un groupe à 7 du bureau et on met un petit gong chaque fois qu’un projet rentre, que ce soit un projet qui sont les missions minimums chez nous, qui sont une offre à la journée, ou un projet d’envergure beaucoup plus importante. Chaque fois, on doit dire merci aux personnes qui nous choisissent et c’est grâce à elles qu’on existe. Et on n’a pas besoin d’avoir une agence de 10 personnes pour faire ça. On commence seule et puis j’espère qu’on sera plus nombreux surtout. J’espère qu’on sera 10 de manière pérenne. J’espère qu’on va continuer à grandir, pas juste pour grandir. Mais quand on est plus grand, ça veut dire qu’on nous a fait confiance, ça veut dire qu’on a développé une vision, ça veut dire que les collaborations, on pourra en parler, avec les marques fonctionnent. Ça veut dire qu’on fait partie du jeu et qu’on considère qu’on est parmi les meilleurs. Si on grandit. Donc moi, je suis là pour ça. Oui, évidemment.

Floortje (00:30:03.04 –> 00:32:43.40) : Quand est-ce qu’est venue la décision d’avoir deux agences ?

Amandine Maroteau (00:32:45.52 –> 00:33:13.66) : Un peu par hasard. En fait, j’ai commencé à faire des projets à Paris. Bon, je suis française, j’ai habité longtemps à Paris et j’y allais de toute façon très souvent parce qu’à l’époque, à Luxembourg, il y avait très peu de ressources en architecture, en déco. Et puis on se retrouve dans des sources d’inspiration, etc. Et en fait, au départ, c’est moi qui gérais les projets parisiens toute seule. Puis j’ai une collaboratrice qui voulait déménager à Paris. Ça tombait bien parce qu’en fait, ça ne devenait plus possible. Puis j’ai toujours voulu qu’on soit au plus près de nos clients. Je pense que c’est extrêmement important d’être présent pour eux au moment où ils en ont besoin et surtout au moment où, en fait, le projet en a besoin et qu’eux ne doivent pas s’en rendre compte, ne s’en rendent pas compte. On ne peut pas être à deux, à trois heures, à quatre heures de distance ou alors il faut qu’on traite. Quand il y a besoin de refaire un calpinage, quand il y a un aléa sur une gaine technique et que la CoPro a besoin d’une réunion en urgence, il y a plein de sujets pratiques. En fait, je pense que le niveau des projets que l’on nous confie nécessite d’avoir des équipes qui sont là physiquement présentes. Même si on fait des projets à distance aussi. On a fait des projets en Bretagne, en Savoie, au Pays-Basque et on continuera à en faire à distance. Mais dans ce cas-là, on co-traite avec une autre agence ou un architecte local. Et en fait, c’est hyper intéressant parce que chacun a sa partie du travail ou une entreprise générale. Et donc, en fait, il y a toujours quelqu’un dans l’équipe, directement compostelle ou pas, qui est sur place. Donc, j’ai décidé il y a cinq ans d’ouvrir un deuxième bureau à Paris qui est autonome de Luxembourg. Par contre, les deux peuvent s’entraider et en toute transparence, dans les moments où on a des gros coups de rush et où il faut un appui qui peut être ponctuel, les deux équipes s’entraident beaucoup. Et parfois, des clients habitent dans un pays et le projet est dans l’autre. Dans ces cas-là, le binôme du projet, il y en a une dans chaque pays. Mais sinon, chaque équipe est dédiée. Il y a plein de différences pratiques. Les chantiers se ressemblent certes, mais en fait, on ne procède pas exactement de la même manière. Travailler dans Paris, il y a plein de subtilités. Travailler dans Luxembourg, il y en a plein aussi. Les normes ne sont pas exactement les mêmes. Donc, il faut quand même être… Je pense que quand on veut se positionner, encore une fois, pas juste pour exister, mais pour être parmi les meilleurs, il faut être là. Il faut prendre le risque, comme je l’ai dit tout à l’heure, d’être sur un marché dans lequel on croit. Il faut être vigilant, en revanche, à ne pas trop se disperser. J’ai eu en tête des sollicités pour ouvrir d’autres agences dans d’autres villes sur un principe de franchise ou autre. En en discutant avec les deux personnes qui me conseillent en dehors de l’atelier,ça m’a amenée à réfléchir sur ce que l’on voulait faire, où on voulait aller. Et j’ai pensé à ce moment-là que ça ne me correspondait pas. Je ne dis pas qu’un jour, on ne le fera pas et qu’on ne développera pas une forme de franchise. Parce qu’on est souvent contactés par des personnes qui commencent et qui n’ont aucun outil, qui n’ont rien à faire, mais qui ont un réseau, par exemple, ou qui ont envie de faire. Et on a beaucoup à transmettre, on a beaucoup à apprendre, on a tous nos process, notre expertise, tout notre ordre d’entreprise, l’image de l’entreprise. Et ça peut être aussi une manière de faire.

Floortje (00:33:14.14 –> 00:33:14.66) : Bien sûr.

Amandine Maroteau (00:33:14.72 –> 00:33:17.54) : Mais voilà, ce n’est pas… Ce n’est pas pour tout de suite. Non.

Floortje (00:33:19.98 –> 00:33:26.66) : Ça veut dire, si mes calculs sont à peu près corrects, l’agence à Paris est ouverte juste après le Covid ?

Amandine Maroteau (00:33:29.14 –> 00:33:43.05) : Avant, je pense. On était déjà présents à Paris avant le Covid, en tout cas. D’accord. OK. Pour toi, pour l’agence, qu’est-ce que ça… On en a parlé un peu avant, le Covid a quand même changé quelque chose sur le marché ?

Floortje (00:33:43.05 –> 00:33:43.51) : Alors…

Amandine Maroteau (00:33:43.51 –> 00:34:32.75) : Le Covid, oui. Et puis tout ce qui a suivi. En fait, j’ai une agence qui a 10 ans. Sur 10 ans, on peut considérer qu’on a eu 5 ans de tempête pour différentes raisons. La période du Covid a changé les choses en cela que pendant le Covid, tout le monde était extrêmement bienveillant, compréhensif. Nous, on a toujours continué à travailler. On n’a jamais arrêté. On a arrêté le minimum possible les chantiers. Dès que les chantiers ont été réouvrés, on a tout de suite repris. On s’est dit, quel que soit le temps que ça dure, moi, je voulais pas laisser mes équipes seules sans être occupées. Et je voulais pas que nos clients s’inquiètent. Oui. Donc, on n’a jamais aussi bien roulé dans Paris. J’ai passé des heures et des heures et des jours et des jours sur la route parce que j’étais la seule à pouvoir me déplacer, en fait. Oui. Mais c’était très particulier. Et ça a créé des liens extrêmement forts.

Amandine Maroteau (00:34:36.06 –> 00:35:11.24) : Ensuite, il y a eu tous les sujets de début de guerre et de raréfication des matériaux. Donc là, c’est pareil. On s’est organisé pour être toujours très opérationnel. On n’a jamais arrêté non plus. On a très, très vite fait le lien avec tous nos fournisseurs pour comprendre un peu en temps réel, enfin chaque semaine en tout cas, quels étaient les risques, les types d’approvisionnement. On a parfois dessiné un peu différemment, remodelé les projets pour que les timings soient tenus. Donc ça, ça ne nous a pas impacté du tout. En revanche, les difficultés ont commencé

Amandine Maroteau (00:35:13.56 –> 00:36:04.34) : avec la guerre en ugraine, augmentation des taux, difficultés de financement. Même si on est sur des segments premium, il n’empêche qu’il faut quand même avoir confiance pour lancer un projet. Et donc, on a eu une grosse inversion, surtout la dernière année, des projets workspace et résidentiels où on fait beaucoup de bureaux. Les projets résidentiels, on ralentit. On en fait heureusement encore parce que ça fait aussi partie de notre ADN. Et puis, c’est juste passionnant. Et en fait, nos meilleurs amis sont d’anciens clients, donc ça rapproche tout ce qu’on vit ensemble et tout ce qu’on leur permet de faire. Mais ça, c’est un gros… Dans les transformations, il y a tout ça. Les marchés aussi. Il y a un virement de type de clients ? Un petit peu, oui, aussi. Pas forcément en typologie, mais en tout cas en typologie de projet. Et puis, on a toujours fait du site occupé et on a beaucoup plus de projets en site occupé.

Amandine Maroteau (00:36:07.20 –> 00:37:18.64) : -ce que la façon dans laquelle les clients vous trouvent aujourd’hui ou la façon dans laquelle, toi, tu dois aller chercher les clients a changé par rapport à… Ce qui a forcément changé, c’est que tout le réseau naturel de recommandations, des agences immobilières, des chasseurs d’appartements, n’existe plus. Il y a tellement peu de transactions que nous, on avait 30 % de notre budget, de chiffres, qui étaient réalisés par la recommandation d’une agence immobilière et une agence de chasse de maisons et d’appartements à qui nous, on adresse toutes les personnes qui nous contactent et qui cherchent. Nous, on n’est pas une agence. On accompagne nos clients dans la recherche, mais on les confie à ces gens-là qui font un super travail. Et en fait, on avait vraiment un réseau, un cercle vertueux qui marchait hyper bien en toute confiance et pendant des années. Donc ça, remplacer 30 % en plus, c’est extrêmement compliqué. Oui. Donc j’essaie d’être très présente dans tous les réseaux, alors d’entrepreneurs notamment, enfin tous, en certains en tout cas, de me donner beaucoup de mon temps aussi. Par exemple, je donne une grande partie de mes honoraires de conférences à des associations ou à des fondations. Indirectement, ces événements-là font connaître l’atelier. Ce n’est pas pour ça que j’y vais, mais c’est une partie de mon temps.

Floortje (00:37:19.18 –> 00:37:19.72) : Bien sûr.

Amandine Maroteau (00:37:20.34 –> 00:38:58.64) : On est présents, alors oui, là où sont nos confrères évidemment, sur il faut visiter les salons, être en contact avec les entreprises, mais moi, je m’appuie aujourd’hui beaucoup plus sur le réseau des galeries d’art, par exemple, que des agences immobilières. Donc il y a des référencements croisés de nouveau. On les met en avant, ils nous mettent en avant, qui ont changé, et puis il faut chercher. Je ne suis pas au bout de l’histoire, je ne sais pas de quoi demain va être fait. Ça reste complexe, ça demande une énergie très importante, beaucoup de lucidité aussi et la capacité à discuter avec des personnes qui ne sont pas forcément dans nos univers directement, mais qui ont un regard extérieur et qui vont pouvoir nous dire ce qui nous manque, les curseurs qu’on peut pousser, des gens qu’on peut rencontrer, toutes les grosses foncières, par exemple, toute la co-traitance que l’on peut faire sur des projets que certes, on sait faire seul, mais en fait, en les co-traitant avec ou des confrères ou avec des agences spécialisées dans les workspace, par exemple, au project management, tous les deux auraient pu faire seul, mais finalement, on va plus vite en faisant à deux. Et on démultiplie nos réseaux. Donc, quand un client vient par l’un ou par l’autre, on multiplie les chances d’avoir le projet. Et puis, il faut remodeler parfois ses offres, il faut inventer d’autres sujets. Ça nécessite énormément, je trouve, d’humilité, de réflexion. C’est les périodes dans lesquelles il ne faut vraiment pas avoir d’égo mal placé. Parce que finalement, quand on dit oui, quand on nous dit non, ce n’est pas que pour nous. On dit oui, on dit non, aussi à des circonstances de marché. –

Floortje (00:39:00.82 –> 00:39:03.62) : ce que pour le coup, ton posture d’entrepreneur a changé ?

Amandine Maroteau (00:39:03.70 –> 00:39:04.58) : Je devrais probablement être plus prudente, mais ce n’est pas dans mon caractère.

Floortje (00:39:05.53 –> 00:41:33.25) : C’est vrai ?

Amandine Maroteau (00:41:37.33 –> 00:41:47.23) : Oui, je pense que… Si, il y a des choses qui ont changé, au sens où deux ans en arrière, un projet rentré, on avait la place pour un collaborateur supplémentaire, on recrutait quelqu’un, on ne se posait pas la question. Aujourd’hui, c’est sûr que je n’ai pas recruté depuis octobre. Donc, la personne qui est arrivée en octobre nous a rejoint pour des visites, développer le volet menuiserie. Donc, lui, il a créé son entreprise et il travaille avec nous. C’est quelque chose qu’on voulait faire depuis longtemps, qu’on a pu faire, mais sur un format qui est un peu différent de celui que je pensais au départ, qui était d’avoir un salarié qui s’occupait de la menuiserie. Là, lui a pris le risque, l’opportunité de créer son entreprise, de travailler avec nous sur le volet menuiserie, ce qui est un enjeu important, parce que c’est extrêmement long et extrêmement important dans les projets, la menuiserie. Et nous, on voulait vraiment internaliser. On a dessiné déjà tout, mais on propose aussi l’accès direct à la menuiserie. Tout est dessiné chez nous. On a des prix qui sont sur du haut de gamme, encore plus compétitifs, parce qu’il n’y a pas de French Room, ce qui n’empêche pas de continuer à travailler avec les agenceurs qui ont travaillé par le passé, parce qu’ils continuent à y avoir assez pour tout le monde et qu’ils nous sont très précieux. Donc oui, quand même, le volet recrutement et le volet développement, il y a plein de choses. On a des dessins de meubles que l’on a envie de sortir. J’ai très envie que l’atelier, soit éditeur de luminaires et de mobiliers, on a dessiné un luminaire avec les barils Brea, qui est fabriqué à la commande. J’ai vraiment envie de créer des micro-séries de cinq à dix pièces. Donc, on n’est pas loin d’être opérationnel, mais je n’appuie pas sur le bouton parce que je n’ai pas de visibilité financière sur le volet-là, par exemple. Donc, il y a des côtés un petit peu frustrants dans le développement d’entreprise, mais c’est la vie. Il faut se concentrer sur tout ce qui existe aujourd’hui et qui doit être pérennisé.

Floortje (00:41:50.06 –> 00:41:55.16) : Je pense que c’est Alexandre Tripier que tu connais, d’ailleurs, parce qu’il me l’a dit dans un… Et après, j’ai compris que c’est en fait quelque chose qui est une espèce de dicton qui existe au niveau des entrepreneurs, c’est qu’on saute d’une valaise et puis on fabrique le parachute en route. Est-ce que, toi, c’est un sentiment que tu peux avoir ? Ou est-ce que tu es beaucoup plus prudent que ça ? Prudenteux, pardon. C’est une bonne question. Est-ce que tu es prudente ? Ce que j’écoute, j’entends, c’est que tu es prudente sur certaines choses parce que financièrement, il y a effectivement… Et puis, tu as aussi sur tes épaules, quand même, j’ai envie de dire… Je n’ai pas envie de te déprimer, mais je vais te dire que… La vie d’une dizaine de personnes qui compte sur toi quand même pour pouvoir être payée.

Amandine Maroteau (00:41:58.14 –> 00:42:13.23) : Oui, et c’est là, je veux dire qu’Alexandre et moi, on n’a pas exactement la même structure d’entreprise.Et donc, oui, en fait, on s’adapte aux circonstances. On peut déployer les parachutes en cours, ça, c’est clair.En revanche, il y a des curseurs. Il faut voir jusqu’où on peut aller, puis il y a une autre caractère aussi. Être entrepreneur, c’est prendre des risques. Oui. Être entrepreneur, c’est vouloir avancer et devoir faire avancer certaines choses. De toute façon, quoi qu’il arrive. C’est ça.

Amandine Maroteau (00:42:15.80 –> 00:43:10.08) : Moi, je prends des risques, je suis prudente, mais dans une certaine mesure. Oui. On va parler d’autres choses. Il y a deux choses. Le côté collaboration. J’aimerais bien que tu en parles un peu. Comment on arrive à ça ? Comment c’est une idée qui naît ? C’est qu’on trouve les personnes en face pour travailler. Et puis de l’autre côté, tu m’as parlé aussi des associations. Oui. Et j’aimerais bien que tu t’étales un peu plus là-dessus aussi. Commençons par les collaborations. Comment on arrive à ça ? Comment on trouve les personnes en face ? Parce que l’envie, on peut l’avoir. Le jalon collaboration, on peut le poser. Comment on va de l’avant sur ce genre de choses ? Oui. Je pense que là-dessus, on a beaucoup de chance probablement. Ça s’est fait hyper naturellement. En fait, chaque collaboration, l’éditeur est venu nous chercher pour nous proposer de dessiner ou de créer une collection. Donc, la première collaboration, ça avait été les carreaux Timan avec Beauregard Studio

Amandine Maroteau (00:43:12.26 –> 00:45:59.78) : où Aurélia voulait lancer des premières… Elle avait déjà fait une première collaboration, mais d’autres collaborations. Et donc, elle avait demandé à Eju et à nous de créer des carreaux. Donc, c’était passionnant comme exercice. Et puis, avec une sacrée personnalité, une super belle image d’entreprise. Donc ça, ça a été la première collaboration passionnante qu’on apprend à faire. Et quand on fait une première collaboration, en fait, les secondes sont faciles. D’abord, parce que les éditeurs savent qu’on s’est fermes, qu’on a été choisis pour ça et qu’on est allés sur un projet qui est allé au bout, qui a été commercialisé et qui se vend. Donc, c’est important. Et donc, c’est le premier prérequis. C’est déjà les premières, en fait, presque. Ensuite, dans l’ordre, je ne sais plus très bien, mais on a créé une collection d’art de la table avec Claire Royer, qui est une potière luxembourgeoise, dont on avait… Enfin, je ne sais plus longtemps. On a aménagé ça en atelier. Et on avait décidé ensemble de créer une collection. Pareil, pour sa visibilité et puis pour s’appuyer sur l’image de mon équipe. Ensuite, on a créé des peintures avec Perrault et avec Jean-Gabriel Kos, qui en est le directeur artistique. Donc ça, pareil, hyper intéressant, parce que quand l’expert français de la couleur vient nous chercher pour créer des couleurs, c’est humainement assez chouette. C’est génial. Et ils considéraient qu’on avait un angle de vue et une valeur à apporter sur leur segment, qui était le segment des peintures haut de gamme, avec une identité de collection. Qui était autour des chemins de Compostelle. Donc on a créé 10 teintes très précises. Ça, c’était une autre collaboration. On a une autre collaboration peinture avec un éditeur luxembourgeois. La collection est sortie en janvier. Et là, j’ai créé des couleurs autour de la Provence. Donc l’éditeur est au Luxembourg. C’est fabriqué à Luxembourg avec des pigments naturels. Et donc tout ça, ça se met ensemble. Ça se développe et quelque part, plus on en fait et plus ça fonctionne, plus on est sollicité. Et là, la prochaine collection va être sur un matériau. La collection est dessinée depuis cet été. On est encore dans les prototypages. On a des difficultés à trouver le bon fabricant. L’éditeur cherche le bon fabricant parce qu’ils veulent que ce soit parfait et je les comprends tout à fait. Ça fait partie de la difficulté parfois des collaborations. En quelques heures et quelques semaines de dessin, on s’était parfaitement trouvés. On avait le concept, les dessins. Mais il y a une certaine complexité dans le dessin. Et voilà. Il faut trouver le fabricant qui est en capacité de fabriquer, de produire et à l’échelle à laquelle l’éditeur veut aller. Donc on est là-dedans et j’espère qu’on sera capables bientôt, dans quelques semaines ou quelques mois, de préposer cette nouvelle collection. Et puis après, il y a la collaboration avec Brea. C’est vraiment une opportunité, une rencontre et l’envie de proposer un luminaire sur un projet en particulier par la suite qui fait qu’on a accéléré sur la création de ce bel objet.

Amandine Maroteau (00:46:00.66 –> 00:46:09.74) : Donc du coup, tout ça, c’est vraiment le fruit déjà, premièrement, de ta personnalité et du fait de vouloir toujours aller de l’avant. Moi, je ne dis pas non quand c’est intéressant et que les gens ont des valeurs claires, bien définies. Oui, bien sûr. Mais aussi d’être très ouvert, créer du rapport avec des gens et les rencontrer. Ça fait une grande partie de ce que tu fais aujourd’hui. Il faut se rencontrer, il faut discuter, il faut parler d’argent, il faut parler de délais, il faut parler d’engagement. Oui, ça, clairement. Ça, j’adore.

Floortje (00:46:31.56 –> 00:46:36.62) : Est-ce que c’est dans cet objectif-là aussi que tu as créé justement les associations ?

Amandine Maroteau (00:46:36.98 –> 00:50:23.08) : Alors, je ne les ai pas créées, en fait. Non, mais en fait, j’ai rejoint des associations. Mais en particulier, du coup, la première qui s’appelle Féminin Pluriel, qui est un club d’influence de femmes qui a été créé il y a une trentaine d’années et qui est présent dans une quinzaine de pays. Je l’ai rejoint d’abord par intérêt en tant que femme et entrepreneur. Et avec l’envie de soutenir mes pairs, finalement, et de voir comment on faisait, celles qui avaient encore mieux réussi. L’angle particulier de l’association étant de faire progresser les femmes dans le monde du travail via l’influence, l’inspiration et les rôles modèles. Je suis intimement convaincue qu’on est très fort parce qu’on a des gens qui nous regardent avec confiance, qui nous donnent la main, qui nous font avancer, qui nous poussent, qui nous disent les choses comme elles sont et qui ont confiance en nous. Et on doit être capable, à notre tour, de le faire pour d’autres. Donc ça, c’est cet engagement-là dans ce club qui est extrêmement fort et dont je suis présidente depuis un an. Et on a la chance d’avoir vraiment des invités exceptionnels à tous nos dîners mensuels. On a reçu Jacques Attali, on a reçu Anne-Pierre Coudray, on avait reçu Éric Dupond-Moretti, on a reçu Anne Barère, la présidente de la Fondation des hôpitaux, qui est dans mon board maintenant. On a reçu Emmanuel Wurst, avocat de la Cour de cassation, on a reçu Alexandre Mars, on a reçu Raphaël de Casabianca mardi. Donc on a vraiment la richesse. Et on a la chance, parce que ce club-là est important et donne en retour aussi, d’avoir des gens influents, passionnants et qui agissent et qui sont des vrais role models et qui viennent nous rencontrer. Donc ça, c’est un engagement fort. Et on le double de temps offert à des associations qui ne sont pas directement la nôtre. Donc on donne la parole à des associations en début de dîner. Par exemple, on a donné la parole à Imagine for Margaux, à Live for Good récemment. Et puis, cette association-là prend de l’ampleur et on s’associe. Avec d’autres organisations, on a par exemple été marraine d’un hackathon organisé par EY et par Microsoft qui mettait en avant les femmes dans la tech. Donc on a été Carole Sénéchal et moi dans le jury de ce hackathon. Et Femine Employelle offre aux gagnantes du hackathon la participation à un de nos dîners, donc l’accès à notre réseau et à l’invité ce jour-là qui sera une personnalité majeure de la tech et de l’IA. Ça, c’est un exemple. Après, l’autre engagement qui n’est pas associatif, qui est un club. En fait, je m’occupe de la curation des expositions d’art contemporain de EY à Luxembourg. Ça, c’est juste hyper intéressant. Moi, je suis convaincue que l’art, c’est vraiment un moyen pour les gens de se parler. C’est un moyen de communiquer. C’est un moyen d’être transgénérationnel, transversal, 360 dans l’entreprise. Et c’est un moyen pour des organisations aussi fortes d’apporter un soutien très impactant à la création et aux artistes qui ont déjà une cote, mais qui sont encore émergents. Quand on a une organisation aussi importante qui a la capacité et l’envie de soutenir le monde de l’art, je trouve que c’est passionnant. C’est un engagement qui nourrit tout le monde et qui nourrit à la fois, eux, leurs interactions avec leurs clients, qui, pour les artistes, ouvrent des portes et qui me permettent de creuser ma passion pour l’art contemporain, de rencontrer des artistes et des galeristes, de les mettre en avant, de conceptualiser l’exposition, de créer des programmes sur l’année. Et ça, mille merci à ceux qui nous font confiance parce que je sais que ce n’est pas mon métier à la base. Je ne suis pas née curatrice d’exposition. Je n’ai pas fait, en dehors de l’École du Louvre, d’école d’art. Donc, c’est un petit nom. En fait, un grand merci à ceux qui se reconnaîtront et qui sont derrière tout ça. Du coup, aujourd’hui, quand j’entends tout ce que tu fais,

Floortje (00:50:25.65 –> 00:53:28.50) : est-ce que tu fais encore de l’architecture d’intérieur ?

Amandine Maroteau (00:53:30.57 –> 00:53:45.06) : Oui, parce que malgré tout ça, je passe quand même pas mal de temps dans mon bureau avec mes équipes. Je vais sur les chantiers ponctuellement au moment des rendez-vous de chantier, mais j’y passe beaucoup en dehors. J’aime bien prendre la température, voir comment ça se passe pour de vrai, pas juste dans le moment où tout le monde est là et montre le mieux de ce qu’il y a. Ça, c’est un peu mon regard. Et oui, en fait, je rédige tous les concepts des projets. Je suis toujours hyper présente, notamment dans la première phase d’AP, où les chefs de projet et moi, on dessine chacune notre version et puis on en discute. Il y a vraiment des phases obligatoires. Les revues de budget, par exemple, elles repassent systématiquement chez moi. C’est moi qui décide des propositions d’arbitrage ou d’accentuation d’investissement. Et tous les choix matériaux me montrent beaucoup. J’aime vraiment. Et puis tout le petit plus, en fait. Jusqu’où on prend le risque sur un projet, ça, ça passe chez moi. Donc, en fait, tu as vraiment créé ce que tu disais au départ. La partie que j’aime, c’est cette partie-là. Oui, exactement. Et donc, du coup, c’est ce que tu fais. Être dans l’interaction, dans l’apport d’idées, dans l’opération un peu coup de pain parfois. Oui, et puis quand il y a des sujets difficiles, c’est moi qui prends le téléphone, in fine. Oui, aussi parce que tu es un peu le boss, quand même. Oui, voilà. Non, mais c’est vrai. Et quand les clients travaillent avec l’atelier, in fine, ils travaillent avec moi. Oui, tu mets en avant quand même ton image en étant… Ce n’est pas que l’image, mais oui, notamment. Oui, oui. Dernière question. Qu’est-ce que tu pourrais dire aujourd’hui à ceux qui se lancent ? Avec tout le bagage que tu as aujourd’hui, en prenant en compte, effectivement, on en a parlé, le marché, il est plus difficile parce qu’il y a juste un peu moins de monde aussi en face. Je suis convaincue que c’est un passage, mais quand même, il y en a qui se lancent aujourd’hui. Qu’est-ce que toi, tu peux leur dire ? D’abord que c’est un métier extrêmement riche et qu’on a tous la responsabilité. D’arriver à en parler le mieux possible et à faire comprendre l’impact que l’on a dans la réalisation des projets. Et pour les nouveaux entrants, je trouve que l’enjeu est encore plus présent parce qu’ils ont un regard un peu différent. Ils arrivent sur un marché qui est quand même en pleine turbulence. Donc, je ne leur dirais pas de bon courage parce que ce serait un peu facile et puis pas très encourageant finalement, mais plus trouver votre manière de définir votre impact sur les lieux et sur les modes de vie de vos clients. Demandez-vous qui vous êtes évidemment, quelles sont vos valeurs ajoutées, quel est votre positionnement et puis contribuez avec nous tous à faire grandir l’attrait pour l’architecture d’intérieur. On a tous un engagement in fine qui doit aller dans la direction de créer un maximum de lieux qui sont économiques, écologiques, vertueux, qui sont performants et qui sont au service de l’humain qui y vit.

Amandine Maroteau (00:53:45.06 –> 00:53:45.06) : Un grand merci Amandine, j’ai adoré échanger avec toi.