Dans cet épisode, j’ai eu le plaisir d’accueillir Bénédicte Bergot, une architecte et décoratrice d’intérieur passionnée basée à Lyon Connue pour son approche holistique et créative, Bénédicte a un parcours fascinant et atypique, enrichi de partenariats prestigieux comme celui avec IKEA.
Au cours de notre discussion, Bénédicte nous raconte son incroyable voyage, depuis ses débuts dans une école d’architecture à Grenoble jusqu’à sa carrière en tant qu’architecte d’intérieur à Lyon.
-Parcours et Formation : Bénédicte partage son itinéraire académique, des études en architecture DPLG, avec un écart en design d’objets, à un Erasmus à Montréal, et explique comment ces expériences multiples ont façonné sa vision unique de l’architecture et du design.
-Expériences professionnelles : Travail chez IKEA, découvrant la dynamique d’une grosse entreprise et apprenant la complémentarité entre marketing, logistique, et créativité, des expériences nord américaines, et la création de sa propre agence
-Défis et Résilience : Comment elle a surmonte, encore aujourd’hui, les obstacles liés à la confiance en soi, à la gestion d’entreprise, et à l’écart culturel entre la France et le Québec. Bénédicte nous parle sincèrement de son syndrome de l’imposteur et des méthodes qu’elle utilise pour gagner en assurance.
-Entrepreneuriat et Innovation :L’importance de la formation en entrepreneuriat et les conseils pour les futurs entrepreneurs. Bénédicte insiste sur le besoin de se prendre au sérieux et d’oser se repositionner sur le marché.
– Anecdotes : Des moments marquants de sa carrière, comme son premier grand projet ou les défis rencontrés avec les assureurs. Bénédicte partage aussi des aspects personnels, comme son expérience au Québec ou ses journées d’illustration pendant le Covid-19.
Ne manquez pas cet épisode inspirant et rempli de précieux conseils pour tous ceux qui aspirent à se lancer dans le design ou l’architecture ! Écoutez maintenant pour découvrir comment Bénédicte parvient à marier créativité et entrepreneuriat avec succès. Un grand merci à Bénédicte pour sa générosité et sa transparence.
Les chapitres de cet épisode
00:00:00 – Introduction et présentation de Bénédicte Bergot
00:01:00 – Début du parcours de Bénédicte : des études à Grenoble
00:02:30 – Expérience en design d’objets et retour à l’architecture
00:05:43 – Découverte du Québec et des différences culturelles
00:07:55 – Retour en France et début de collaboration avec Ikea
00:14:58 – Création de l’agence et début de l’entrepreneuriat
00:17:47 – Nouveaux défis au Québec et formation en entrepreneuriat
00:21:42 – Prise de conscience : devenir le produit de son entreprise
00:28:36 – Travail sur la confiance en soi et le syndrome de l’imposteur
00:34:51 – Méthodes de travail et interaction avec d’autres professionnels
Floortje (00:00:00.75 –> 00:05:41.61) : Alors aujourd’hui je suis avec Benedicte Bergot qui est une agence d’architecture et de décoration d’intérieur depuis, on va dire, belle lurette parce qu’elle va m’en parler. Elle a une démarche holistique et créative, elle est sur Lyon, elle a fait un partenariat à un moment ou à un autre avec Ikea, elle a un parcours absolument fascinant et atypique. Je suis ravie qu’elle est là. Salut Benedicte ! Salut ! Merci de me recevoir. Mais avec grand plaisir, ça fait un petit moment qu’on se connaît. Oui. Du coup, je suis vraiment ravie que tu es là. Est-ce que tu peux commencer par me raconter ton parcours depuis le départ ? Depuis le lycée ? Oui.
Benedicte Bergot (00:05:41.61 –> 00:05:41.61) : Alors, moi, de base, je suis à la fois plutôt scientifique et assez artistique, donc je m’étais dit qu’est-ce que je vais faire dans la vie. J’aimais les maths et le dessin, donc j’ai fait Archie, voilà. Archie des PLG, donc à l’époque c’était… C’est ça. Je me suis lancée dans l’école de Grenoble et voilà, j’ai commencé là après un concours, en fait, concours d’entrée qui à l’époque n’était pas super difficile, sûrement moins qu’aujourd’hui. Voilà. Donc là, j’ai fait un bac plus deux en architecture, donc à l’époque c’était défa, diplômé, diplôme d’études fondamentales en architecture, donc j’ai eu mon bac plus deux. Et bon, déjà j’avais commencé à essayer plein de trucs, un peu d’objets, un peu de paysages, un peu de… Je traînais beaucoup dans les ateliers, en bas de l’école et tout ça. Donc, j’ai voulu faire aussi un petit crochet qui était proposé, c’était design d’objets. D’accord. Donc, après deux ans, j’ai commencé un diplôme de design d’objets qui était aussi en deux ans, donc ça fait bac plus quatre. Ça, c’est à Grenoble aussi ? Oui, dans l’école d’archi de Grenoble. Donc, j’ai trouvé ça génial parce que ça m’a énormément appris sur les matières, comment se construisent les choses, j’ai exploré beaucoup de techniques, de faire de la résine, du lamellé-collé, du tournage, du thermoformage, enfin bon, on avait tous les ateliers comme on voulait, donc voilà. Et donc, du coup, ça m’a quand même beaucoup appris à comment fabriquer des choses, donc on était moins dans la réflexion, comme on apprenait beaucoup en archi. Mais plus dans le geste, dans la réalisation, et du coup, c’était hyper complémentaire. D’un côté, j’avais encore des cours d’archi, de l’autre, des cours très techniques et puis faire, quoi. Oui, bien sûr. Voilà, on passait notre temps, enfin, on n’avait même pas vraiment de cours en soi, on était dans les ateliers, on se faisait aider par les profs et tout, c’était génial. Voilà, donc ensuite, j’ai fait un retour dans le cursus archi. Alors, on nous a donné la troisième année, donc on atterrit en quatrième année, et en fait, les profs se sont posés la question, est-ce qu’après avoir fait de l’objet, est-ce qu’on peut dire qu’on n’est pas obligé de faire la troisième année, parce que ce n’est pas la même chose, pour eux, ce n’était pas la même chose. Puis en fait, à cette époque-là, on revenait du salon de Milan, et puis moi, je leur avais dit, oui, mais nous, on fait de l’objet comme des architectes. En fait, on… On pense toujours à une solution technique, à un truc hyper technique, et jamais dans juste le geste de la petite chaise très jolie, juste le très joli, ce n’était pas possible pour nous, puisqu’on nous avait appris depuis le début à justifier chaque chose, à argumenter et tout, et juste dire, ça ressemble à une virgule ou à une langue, ça ne tenait pas la route, quoi. Donc, on leur a dit, on fait du design d’archi. Et donc, ça les a convaincus que, ben, voilà, on pouvait sauter. Une année. Bien. Voilà. Donc, j’ai fait une quatrième année à l’école d’archi de Grenoble, où il n’y avait pas beaucoup de moyens, et il n’y en a toujours pas, parce que je sais que c’est toujours un point, les écoles d’archi ont peu de moyens. Et moi, je continuais à essayer d’explorer des choses à droite, à gauche, à faire des trucs du feng shui, je faisais… Et j’étais toujours en train d’essayer de sortir de la boîte. Donc, c’est un petit peu ma… Voilà, je suis comme ça. Et donc, après, j’ai voulu partir en échange Erasmus. Super. J’ai essayé plusieurs endroits, et puis j’ai posé un dossier pour partir à Montréal en design de l’environnement. Donc, il y avait quelques personnes de l’école d’archi qui partaient là-bas, c’était assez cohérent dans la suite. Donc, je suis arrivée en design de l’environnement. Donc, design de l’environnement, ça n’a rien à voir avec l’écologie, en fait. C’est le design de tout ce qui nous entoure. Donc, ça va être de l’objet à l’urbanisme. Donc, comme dans toutes les écoles, enfin, en tout cas, les écoles d’archi où il y a des projets, on choisit son parcours. On peut faire de la céramique ou choisir de faire des ateliers qui sont beaucoup plus archi ou plus orientés vers l’urbanisme. Et donc, bon, moi, j’étais un peu contrainte à quand même rester dans l’archi. Mais malgré tout, j’ai découvert une école où il y avait énormément de moyens. C’était juste délicat. Il y avait un étage de l’école qui n’était que des ateliers avec des gens qui étaient là pour nous aider. Il y avait un étage de l’école où il n’y avait que des ordinateurs avec des profs de fou qui nous apprenaient de l’autocad, du Photoshop, de l’illustrator et tout. Nous, à l’école d’archi à Grenoble, dans toute ma scolarité, j’ai eu 12 heures de cours d’informatique.
Benedicte Bergot (00:05:43.70 –> 00:05:48.88) : Donc, j’avais l’impression d’avoir un monde merveilleux qui s’ouvrait autour de moi.
Benedicte Bergot (00:05:50.96 –> 00:07:53.53) : Donc, voilà, j’ai découvert. J’ai découvert énormément de choses. Et puis, aussi, j’ai découvert un enseignement où les profs travaillaient tous, où ils nous invitaient à prendre des apéros. C’était beaucoup plus horizontal. Et en fait, ça correspond vraiment à la culture québécoise aussi. Il n’y a pas de hiérarchie dans le métier où l’archi est au-dessus de l’archi d’intérieur, au-dessus de la déco, au-dessus des techniciens et tout ça. C’est des métiers qui bossent, mais sur une ligne horizontale. Donc, oui, très complémentaire. Absolument, c’est ça. Et moi, je me suis dit, c’est génial. En fait, c’est ça la vraie vie. Je vais rester ici. Voilà. Tu ne crois pas, c’est de la dire. C’est ce que j’ai fait. Ah, ben bravo. Donc, en fait, on m’a dit, là, il faut que tu retournes à l’école d’archi pour faire ta sixième année, pour préparer ta soutenance d’archi. Donc, je me suis dit, je vais rester à Montréal. Je vais passer mon diplôme québécois à Montréal. Et je vais faire pendant ce temps-là ma soutenance. Je la prépare. Je la prépare à distance. Et puis, bon, à l’époque, les coiffeurs en France n’avaient même pas d’Internet. Donc, je leur envoyais des courriers qu’ils ne lisaient pas. Et donc, au bout d’un moment, je me suis dit, bon, voilà, j’ai envie de faire autre chose. L’archi, c’est très technique. Ce n’est pas très créatif, enfin, en tout cas, de mon point de vue. Donc, je n’avais pas super envie de faire ça. J’avais un copain là-bas. J’avais un boulot. Ouais, c’était bon, quoi. Voilà, j’ai passé mon diplôme. Et je n’ai pas trouvé une bonne raison de rentrer. Donc, du coup, j’ai passé quatre ans là-bas, quand même. OK. Donc, j’ai travaillé chez un designer d’intérieur. Parce que là-bas, tout le monde s’appelle designer d’intérieur. Où tu as fait archi. Et là, tu es plus comme un technicien du bâtiment. En France, c’est cet équivalent. Ce sont des gens très techniques. Et designer d’intérieur, c’est un métier très vaste qui comprend à peu près tout ce qu’on a, nous, dans nos métiers. Pour la guerre.
Benedicte Bergot (00:07:55.67 –> 00:08:57.82) : Et après, chacun le fait à sa manière, à son niveau et comme il a envie. Bien sûr. Là, tu as appris énormément de choses, surtout sur le design d’intérieur. Oui. Tous les facettes, si ce soit archi ou déco d’intérieur. Oui, voilà. Ils sont quand même assez techniques. Ça reste… Et les Québécois ont une autre manière de faire. Je t’en parlerai après. Mais le métier est un petit peu différent. Et puis, la construction. C’est différent puisque c’est de la construction bois. Donc, si tu as les WC à tel endroit, tu peux les mettre à l’autre bout de la maison. Oui. C’est possible. Oui, bien sûr. Donc, voilà. Oui, mais j’ai appris plein de trucs. Et puis, c’est surtout culturellement super intéressant d’avoir d’autres manières de voir les choses. Et au bout d’un an où j’ai travaillé chez ce designer d’intérieur, avec mon diplôme, j’avais le droit de rester un an. Et là, il fallait renouveler mon visa de travail. Et ils m’ont dit. Ils m’ont dit, vous ne faites pas partie de la liste des professions recherchées. Oui. Vous avez deux mois pour quitter le pays.
Benedicte Bergot (00:08:59.88 –> 00:14:56.00) : Donc, je suis partie avec mon Québécois. Donc, je me suis mariée avec mon Québécois. Mais ça ne m’a pas permis de rester parce que c’était un peu compliqué. Bon, ça, c’était… Donc, je l’ai ramené. Voilà. Et j’ai cherché du boulot. Et moi, je n’avais pas le droit au chômage. Donc, il y avait un peu une urgence. Et j’ai trouvé un travail chez Ikea. Au service d’éco. D’accord. Donc, j’étais chez ce qu’on appelait les agenceurs à l’époque. Qui est devenu ensuite Visual Merchandiser. En me disant, je ne vais pas rester longtemps. Ce n’est pas un super boulot et tout ça. Et en même temps, tu apprends beaucoup de choses. Tu es dans une grosse entreprise. Il y a une certaine dynamique. Voilà, c’est sympa. Tu fais des trucs très créatifs. Et à la fois, d’autres trucs très techniques. Des fois, des trucs vraiment pas très intéressants. Mais en fait… Tu fais plein de choses et tu es payée. Voilà, c’est ça. Et puis, moi, j’ai appris énormément. Parce que ça permet de voir l’accord entre plusieurs métiers. C’est du marketing. C’est de la logistique. C’est du pur visuel. De l’espace. C’est ce qu’on appelle archi-retail aujourd’hui. Donc, voilà. Moi, je ne regrette pas cette période-là. Ça nuit un peu à mon CV des fois. Et des fois, non. Alors, pourquoi aujourd’hui… Attends. Parce que d’autant plus qu’ensuite, tu as monté ton agence en partenariat avec Ikea. Oui. Oui, en fait, alors moi, je suis… Au bout de six ans, je suis partie. J’ai démissionné. Je pensais avoir fait un petit peu le tour. Et on a proposé à mon mari un job à Montpellier. Donc, je l’ai suivi. J’ai fermé ma boîte. Voilà, pendant deux ans. J’ai fait un deuxième bébé. Et quand je suis revenue à Lyon, ma cheffe d’Ikea m’a dit…
Floortje (00:14:56.00 –> 00:14:56.00) : Attends, attends, attends. Parce que là, tu avais déjà une boîte ? Tu vas trop vite. Non, non, non. Tu travailles chez Ikea. Qu’est-ce qui se passe ? J
Benedicte Bergot (00:14:58.12 –> 00:17:44.41) : Je démissionne. Tu démissionnes. Je pars à Montpellier. Et puis là, je cherche du boulot pendant un certain temps. Enfin, presque 18 mois. Et je n’ai pas trouvé de boulot. Et mon mari, on lui repropose un poste à Lyon. Donc, on repart à Lyon. Bien. Et tu fais un autre enfant. Je fais un autre enfant. Et donc, au retour, ma cheffe d’Ikea, ma cheffe de service d’éco, me dit… Tu sais, à l’extérieur des magasins, ils proposent un service d’éco. C’est des gens, des indépendants, mais qui sont rattachés à chaque magasin. Et quand les gens demandent s’il y a quelqu’un pour m’aider en magasin, on dit oui, bien sûr, il y a telle personne. Donc, elle me dit, à Lyon, on n’a personne. Est-ce que tu as envie de le faire ? Oui. Donc, je dis, ben, ouais, super. Moi, je n’avais jamais pensé à monter une entreprise. Je me disais même, oh là là, ce n’est pas du tout pour moi. Et là, l’opportunité se présente et tu vois, j’ai arrêté de réfléchir à ce moment-là. Parce que pour le coup, elle te propose de monter ta propre boîte, mais que Ikea, quand ils peuvent, ils t’envoient des clients. Voilà, c’est ça. Donc, moi, en deux semaines, j’ai monté mon autre entreprise. J’avais des flyers dans le magasin. J’avais fait un site sur un truc gratuit. Et voilà. Donc, en fait, j’avais les flyers dans le magasin qui, qui étaient là à dispo pour les gens qui passaient. Et dès qu’on demandait à un vendeur, il y a quelqu’un qui peut m’aider, ben, il disait, ben oui, il y a Bénédicte qui est là. Voilà, c’est une ancienne d’Ikea, etc.
Floortje (00:17:44.41 –> 00:17:44.41) :
Benedicte Bergot (00:17:47.57 –> 00:19:02.04) : Et ensuite, au bout de sept ans, donc en 2000, fin 2016, on propose à mon mari québécois un super poste de rêve à Québec. Donc, eh ben, j’y retourne. Donc, là, ben, en trois mois, j’avais vendu mon appart, j’avais fermé ma boîte et de toute façon, je me disais, bon, ben, voilà, je vais refaire la même chose là-bas et puis c’était pas… Pour moi, j’avais pas mesuré la valeur de ce que j’avais fait jusque-là, quoi. Et donc, j’ai retenté de monter ma boîte, mais là, je me suis quand même confrontée à des choses, une culture très différente. Donc, dans la construction, c’est très différent parce que c’est de la construction bois, dans une manière de travailler très différente pour le relationnel avec les entrepreneurs. Ils sont très syndiqués. Enfin, voilà, c’est assez différent. Et dans le métier, en fait, les filles qui font la même chose que nous, en fait, elles connaissaient énormément les matériaux. Donc, elles sont capables de toucher une surface et de dire, ça, c’est telle mélamine de tel fournisseur en finition satiné-gratiné, tu vois. Et moi, j’étais là, waouh ! Mais par contre, elles n’ont pas beaucoup de culture
Benedicte Bergot (00:19:04.20 –> 00:19:31.94) : de mobilier, tu vois. Oui, bien sûr. Reconnaître tel fauteuil de tel designer, c’est moins évident. Ou ça, c’est un fauteuil d’une rosée ou d’autres choses comme ça. Ça, je savais moins le faire. Donc, c’est un métier un petit peu différent. Donc, au bout d’un moment, il n’y avait que des Français qui m’appelaient là-bas. Et j’ai quand même continué à faire des projets en France parce que j’avais deux gros projets qui commençaient, dont une résidence senior, une deuxième. Et donc,
Benedicte Bergot (00:19:34.32 –> 00:20:52.50) : là, c’était rigolo parce que quand je suis partie, je leur ai dit, je ne vais pas pouvoir continuer. Je suis désolée, je m’en vais. Ils m’ont dit, non, mais ce n’est pas grave. Tu vas faire ça à distance. L’architecte est à Mayotte et toi, tu seras à Québec et de temps en temps, ce sera des visuaux en France, Mayotte, Québec. C’est très rigolo. Oui, on s’en est sortis. Et donc là, tu es restée combien de temps à Québec ? Alors, je suis restée deux ans et demi. J’ai fini par travailler chez une fille qui faisait la même chose que moi en me disant, je veux vraiment apprendre la culture locale. Et ça m’a bien aidée à la fois. Elle était à la fois archi et archi d’intérieur. Et à la fois, je trouvais ça reposant de bosser pour quelqu’un. Tu t’inquiètes moins de plein de choses. Et dans un autre sens, je n’avais plus le rapport humain que moi j’adore avec les gens. Oui, bien sûr. Et j’étais hyper frustrée en fait. Et bon, comme au Québec, on vire les gens en deux semaines, et bien un jour, elle a perdu un gros contrat et elle m’a dit, dans deux semaines, tu n’es plus Donc là, à ce moment-là, je me suis inscrite à l’équivalent du pôle emploi local. Et on m’a proposé de faire une formation en lancement d’entreprise.
Benedicte Bergot (00:20:55.18 –> 00:21:40.00) : c’était une formation de douze semaines où on était une dizaine de personnes et on avait tous des projets très différents. Rien à voir avec la déco ou l’archi. Et on parlait de notre projet. On avait un coach qui était là à temps plein. Et je me suis dit, en fait, cette formation a changé ma vie. C’était vraiment purement le côté entrepreneuriat. Oui. Et en fait, ça m’a fait réaliser que ça, j’aurais dû le faire dès le début. Vraiment, c’était… J’avais pas du tout réfléchi à mon entreprise. D’ailleurs, il n’y avait rien de sérieux pour moi. Et en fait, j’avais pas du tout ni réfléchi à la forme, ni à mes prix, ni au service que je proposais, ni à mes clients cibles.
Benedicte Bergot (00:21:42.16 –> 00:21:45.96) : Qu’est-ce que j’ai noté ? Mon positionnement sur le marché.
Benedicte Bergot (00:21:48.10 –> 00:23:45.64) : Voilà. Et que je m’étais jamais prise au sérieux et que j’avais un énorme syndrome de l’imposteur. Donc, voilà. Là, j’ai réalisé qu’il fallait que je travaille beaucoup sur mon mental. Et même en sortant de là, c’était pas encore gagné. Voilà. Donc ça, ça m’a énormément servi. Et c’est vrai que ça, c’est quelque chose que je veux partager. C’est si vous lancez votre entreprise, faites-vous accompagner par les services d’emploi. Il y a beaucoup d’assos, de systèmes en France où on peut vous accompagner. Faites-le. Profitez-en. Faites les choses sérieusement. Et vous dites pas… Enfin, se dire, je vais faire ça à temps partiel, en attendant que ça marche. Peut-être qu’on gagne un petit peu et tout. Ça marche pas, en fait. Non, non, non. Soit tu te lances. Soit tu te lances. Oui, mais si tu te lances, effectivement, ce que tu dis est très vrai. C’est que tant que tu te lances, autant te lancer avec toutes les connaissances que tu peux avoir au niveau de l’entrepreneuriat. Oui, c’est bien d’être créatif, de savoir où tu veux aller en termes d’architecture ou de décoration d’intérieur. En même temps, je pense qu’Isabelle Gomez disait de toute façon, ceux qui réussissent en décoration et architecte d’intérieur sont ceux qui sont le plus axés entre entrepreneuriat et marketing. Oui, exactement. Et c’est vrai que je vois beaucoup de filles qui se reconvertissent. Celles qui fonctionnent le mieux, c’est celles qui bossaient avant dans le marketing, dans des trucs un peu commerciaux. En dehors du côté commercial, il y a aussi une vraie prise de conscience de tout… Déjà, calculer. Et c’est pris. Parce que… Alors du coup, ils m’ont dit c’est super, t’as un super projet et tout ça. Par contre, t’es pris, ça va pas du tout falloir faire fois deux ou fois trois. Je suis… Quoi ? Tu sais que psychologiquement, c’est pas facile à avaler ça. Parce que toi, dans ta tête, tu vaux tant et il y a quelqu’un qui te dit tu vaux trois fois plus. Ouais.
Benedicte Bergot (00:23:47.80 –> 00:23:52.44) : Et tu es arrivée à faire ça ou pas ? Alors… Pas complètement.
Benedicte Bergot (00:23:54.98 –> 00:25:40.07) : Alors, le truc, c’est que en même temps que j’ai fait cette super formation, j’ai divorcé. Ah oui, bah oui. Donc, voilà, je suis rentrée en France avec mes deux enfants, trois valises et un chat. Et voilà, je me suis dit, bah maintenant, t’as plus le choix. Donc, tu vas appliquer ce que t’as appris dans ta formation parce que… Voilà. Donc, j’ai fait fois cinq… Enfin, j’ai ajouté 50% à mes tarifs. Donc, j’ai fait trois fois plus que mes clients habituels en ayant beaucoup des clients habituels qui me connaissaient déjà et qui étaient fidèles. Donc, bah, finalement, ils ont absolument rien dit. Ils ont trouvé ça plus que normal. Oui. Et puis, il y en a même qui m’ont dit, mais il faut augmenter plus que ça, en fait. Tu vois, un peu. Tu n’en as plus voulu ? Euh… Non. Je pense que c’est là où j’en étais dans mon état mental, tu vois. Oui, mais donc, ça veut dire qu’auparavant, avant aussi de faire ta formation en entrepreneuriat, tu n’avais jamais vraiment fait des calculs pour dire il faut que je demande du temps pour pouvoir en vivre correctement. Parce que c’est une chose de dire je me suis toujours payée au minimum au SMIC, mais quand on est entrepreneur, c’est peut-être mieux de viser un peu plus que ça. Oui, et puis, j’ai aussi réalisé que… Parce que jusque-là, je me disais, si je veux gagner mieux ma vie, il faut que je bosse plus, que j’en fasse plus. Donc, je me suis mis… Je me suis mis à être ultra efficace dans ma rentabilité. Tu vois, j’ai vraiment augmenté ma rapidité à faire des projets, mais je n’ai pas augmenté mes tarifs. Donc, je faisais de plus en plus de projets pour avoir un salaire qui augmentait. Et là, j’ai réalisé que c’est plus un positionnement dans un marché
Benedicte Bergot (00:25:42.15 –> 00:25:52.03) : bas de gamme, haute gamme, moyenne gamme. Il faut que tu vises ça et que tu l’aies toujours en tête, ce truc. Et ton client cible, si tu n’es pas assez cher, tu ne vas pas toucher des gens qui ont de l’argent.
Benedicte Bergot (00:25:54.29 –> 00:28:33.43) : Donc, il faut être dans le bon créneau. Dans le bon créneau, je sais qu’à un moment ou à un autre, j’avais envoyé mes prix à plusieurs personnes en même temps dans une cible assez haute gamme. Et il y en a un qui a quand même eu la gentillesse de revenir vers moi en me disant, écoute, ta brochure, elle est vraiment très chouette, à ces prix-là, ils ne vont jamais t’embaucher. Je me dis, attends, c’est trop peu. Il me dit, non, c’est trop peu. Et donc, du coup, il y a aussi une preuve sociale à mettre en avant, une preuve sociale et aussi ton prix. Exactement. Est-ce que c’est là où tu dis qu’IKEA nuit un peu à ton CV ? Ça nuit dès le début parce qu’il y a des gens qui vont te dire que si tu as bossé chez IKEA, tu ne peux plus faire bosser dans une bonne agence d’archi, tu vois. Oui, mais aujourd’hui, est-ce que ça te nuit encore aujourd’hui Est-ce qu’aujourd’hui, tu n’as aucunement l’obligation ni sur ton site, ni à tes clients d’aujourd’hui d’en parler ? Oui, d’ailleurs, je ne le mets presque plus. Je dis que j’ai travaillé dans une grande enseigne suédoise. Oui, mais même, est-ce que tu as vraiment à avoir honte ? Non, je n’ai pas honte, mais… Non, non, besoin d’en parler. Ah oui, non. Est-ce que tu as un vrai besoin d’en parler ou est-ce que tu peux juste dire j’ai travaillé dans une grande enseigne ? Oui, tu as raison. Ça, pour le coup, ça peut être si bien, tu vois. Voilà, effectivement, je ne mets pas en avant parce que ça ne répond plus à ma clientèle cible. Parce que là, pour le coup, avec ta formation d’enseigne, est-ce que tu as aussi travaillé ton client cible, ta communication, tout ça, tout ça, tout ça ? Oui. Alors, quand je suis revenue du Québec, il fallait que je bosse urgentement. Donc, j’ai tout… J’ai un peu augmenté mes tarifs, mais j’ai fait à peu près la même chose que ce que j’avais fait jusque-là, en mode marche ou crève. Voilà. Et bon, je ne te dirais pas que j’ai fait les mêmes erreurs, mais j’ai avancé de la même façon. Et puis, après, il y a eu le Covid. Ah, oui. Donc, je me suis dit à quoi ça sert tout ça ? Pourquoi je travaille comme une dingue ? Pourquoi je… Enfin, tout ça. Voilà. Et à quel point j’avais vraiment un syndrome de l’imposteur à tout le temps me dire, ouais, mais tu ne vaux pas ça. Tu n’es pas assez bonne. Tu n’es pas aussi bonne que machin, gna gna gna. Et j’ai travaillé là-dessus parce que, en fait, je n’arrivais pas à passer le cap de vraiment être un peu plus chère et de viser des gens plus haut parce que j’avais toujours cette petite voix derrière qui me disait « Oh là là, tu n’es pas bonne », etc. Comment tu as travaillé là-dessus ? Ben…
Benedicte Bergot (00:28:36.17 –> 00:30:17.81) : Ouais… Je ne sais pas trop. C’est une vraie question parce que je sais que c’est un questionnement que beaucoup d’entre nous ont. Elle est normale au départ. On n’est pas dès le départ… Mais au bout de… Ça fait depuis 2011 ? 13 ans, oui. 13 ans, tu as encore… Tu dois y travailler. Est-ce que tu as mis en place des réflexes, des trucs qui font que, quand tu sens que cette voix commence à te parler, tu fais autrement, tu te… Comment tu travailles ça ? Ben, j’essaye de m’entourer ou de fréquenter plus de gens qui font la même chose que moi ce que je ne faisais pas du tout avant parce que j’étais toute seule, toute seule. Moi, je n’ai pas fait d’école à Lyon, donc je n’avais pas de réseau dans mon métier. Et Lyon, c’est fermé. Oui, voilà. Et je n’ai pas fait d’école d’archi à Lyon parce que j’étais à Grenoble. Donc, maintenant, j’essaye de rencontrer des gens qui font la même chose que moi et à chaque fois que j’ai une inquiétude ou que je me dis « Oh là là, je ne vais pas arriver à faire ce projet-là. » Ça m’est arrivé récemment. Il y a une grosse panique. Je ne serai pas à la hauteur et tout ça. Donc, je me suis dit « Allez, va rencontrer des filles qui font du bureau. » Parce que c’était un projet de bureau très gros. Et du coup, elles m’ont rassurée. J’ai dit « Tu fais ça comment ? S’il se passe telle chose, tu fais ça comment ? Comment tu gères ça ? » Et puis, ça m’a rassurée. Ça me permet de me dire « Ok, tu es capable. Et si tu paniques à un moment donné, il y aura quelqu’un pour t’aider. » C’est bien de s’entourer. Donc, je trouve que ça m’aide énormément. Après, il y a des gens que je fréquente un peu plus assidûment aussi qui s’automotivent ensemble. C’est bien. Et après,
Benedicte Bergot (00:30:20.16 –> 00:31:13.80) : sur mon côté psycho, tu vois. ne suis pas une psychanalyse, mais je me dis « Ce n’est pas grave. » « Je n’ai que cette petite voix. » Et puis, de temps en temps, j’essaye de m’envoyer des fleurs. Et pendant le Covid, j’ai beaucoup dessiné. Je n’ai pas tant de travail que ça. J’avais un gros projet, mais ça ne m’a pas pris tout mon temps. J’ai beaucoup dessiné. Moi, je dessine beaucoup. Je fais de l’illustration et tout ça. Et pour une fois, j’ai arrêté de me demander ce que les gens pensaient. Et je me suis rendue compte qu’en fait, je dessinais dix fois mieux. Quand je dessinais, j’avais ce lâcher-prise, cet instinct qui parlait et tout ça. Et donc, ça m’a fait aussi réaliser que tout ça, c’était en moi et que j’avais juste à, petit à petit, parce que ça n’arrivera pas du jour au lendemain que je vais complètement effacer ce syndrome.
Benedicte Bergot (00:31:16.14 –> 00:31:49.48) : Mais petit à petit, je mets des pierres sur mon petit venticule et peut-être un jour, je monterai en haut. Attends, moi, je m’envoie des fleurs tous les soirs, tu sais. Oui, je sais. Et ça, ça aide énormément. Tous les soirs, je me note au moins deux à trois fiertés dans un petit calepin. Les fiertés sont pas, déjà, parfois pas gros. C’est passer un coup de fil ou tout simplement terminer une tâche ou, je sais pas, ne pas hurler sur mes enfants, ça peut en être un aussi.
Benedicte Bergot (00:31:51.72 –> 00:32:39.35) : Mais être positif envers soi-même est extrêmement important. Oui, oui. Depuis que t’en as parlé, j’essaie de le faire. C’est vrai, j’avoue. Je le fais pas tout le temps. Et j’ai fait aussi une retraite de yoga à un moment donné, où j’ai beaucoup réfléchi sur moi-même et ça a aussi aidé ce syndrome-là. Voilà. De prendre du recul et de prendre soin de soi aussi. -ce que tu peux me dire, j’ai deux questions qui me viennent tout de suite, est-ce que tu peux me dire par rapport à le travail que t’as fait en agence à Montréal et le travail que tu fais aujourd’hui ici en France, à Lyon, qu’est-ce que tu as apporté, amené avec toi de Montréal, que tu impliques aujourd’hui ici ?
Benedicte Bergot (00:32:43.02 –> 00:33:07.42) : Alors, dans la méthode, bon, je… Enfin, sûrement qu’il y a des trucs de base qui sont un peu les mêmes. Je te dirais plutôt un relationnel avec les entreprises, avec les gens qui travaillent avec toi, avec les archives aussi, parce que ça m’arrive quelquefois. On travaille avec des archives, et moi, j’adore ça, parce que je trouve qu’on se complète et que… Et en fait, ce que je déteste, c’est la position hiérarchique.
Benedicte Bergot (00:33:09.76 –> 00:34:49.53) : Donc, je ne veux pas être me croire la supérieure de mon entrepreneur, et je ne veux pas qu’il y ait quelqu’un au-dessus de moi qui me dise, oui, je suis au-dessus de toi, maintenant, écoute ce que je dis, tu vois. Donc, voilà, quelque chose de très horizontal, et je crois que je fonctionne comme ça pour avoir eu quelques stagiaires qui m’ont dit, ouais, c’est un peu différent chez toi, c’est quand même plus cool, je reste toute chef de stage, mais voilà, qu’il y ait une manière relationnelle au travail un peu plus… J’ai bossé chez IKEA, c’est aussi quand même une entreprise suédoise, donc il y avait aussi une manière un petit peu différente, probablement, d’une entreprise française, et pour n’avoir jamais travaillé dans une entreprise française, je ne suis pas sûre que j’aurais été capable. Écoute, je sais que tu l’as fait, et ça m’a pris des années de ma vie de… De trauma ! Pas de trauma, mais il est vrai que l’hierarchie en France, c’est quelque chose qui est très fortement… Voilà, et quand on vient des Pays-Bas, et va encore plus au-dessus, c’est un peu difficile au départ de comprendre qu’on a un chef, et on a un boss, tu vois, et que… Voilà. Ouais, c’est très culturel. Oui, oui, c’est clair, mais ce qui est assez marrant dans le… Voilà, j’étais dans une banque ultra-française, mais à un moment ou à un autre, j’ai commencé à discuter, justement, avec le fonds de pension d’IKEA, et c’était… On voit tout de suite la différence dans comment ça marche, moi. Bref, l’autre question, c’est qu’est-ce que tu as appris pendant ta formation entrepreneuriat, que aujourd’hui, tu appliques consciemment dans ton entreprise ?
Benedicte Bergot (00:34:51.70 –> 00:36:14.40) : Qu’est-ce que tu peux nous donner ? Dis-moi, voilà, si tu… Ça, c’est le truc que j’applique régulièrement, parce que, franchement, sans ça, je n’ai pas d’entreprise. Je ne suis pas entrepreneur. Tu vois ce que j’ai, un peu, le… Oui, alors, il y a quelque chose qui a été très révélateur et une grosse prise de conscience, c’est qu’à un moment donné, le coach fait le tour de chaque personne et dit, bon, toi, tu vends telle chose, donc, toi, telle chose, et tout. Et arrivé à moi, je dis, ben, moi, je ne vends rien. Qu’est-ce que je vends ? Je vends des services, c’est rien, quoi. Il dit, ben, bien sûr que si, réfléchis un petit peu. Ben, je ne sais pas. Qu’est-ce qui fait la différence entre toi et puis les autres ? Je ne sais pas. Ben, toi, tu es ton produit. Tu es ton propre produit. Tu vas mettre ta photo sur ton site. Et tu vas raconter ton histoire. Et tu vas convaincre les gens que ils vont faire affaire avec toi plutôt qu’avec une autre, parce qu’ils ont le feeling avec toi et avec ce que tu racontes. Bon, ce n’est pas évident, mais… Voilà, une grosse prise de conscience. Et ça, je me le rappelle souvent, je suis le produit. Oui, je suis le produit de mon entreprise. C’est ça. Oui. Et comment tu… À part mettre ta photo sur ton site internet, est-ce que tu as schématisé ça ou est-ce que tu en as travaillé ? Tu as travaillé ça consciemment, ta façon de parler, ta façon d’être pour justement être le produit de ton entreprise ?
Benedicte Bergot (00:36:16.78 –> 00:36:49.84) : Alors, bon, dernièrement, je me suis dit, je vais mettre nous plutôt que je sur mon site pour essayer de faire plus haut de gamme et peut-être que je me trompe, je ne sais pas. Et je… J’ai une photo où je ne suis pas en tailleur Chanel, mais je pense que cette photo me représente bien, c’est à mon image. Je mets en avant aussi ma formation qui est quand même assez différente des autres. Et dernièrement, on m’a dit, j’ai posé la question à un client, pourquoi vous m’avez choisi moi parmi tant d’autres ? Il m’a dit parce que vous étiez vieille.
Benedicte Bergot (00:36:51.88 –> 00:37:39.92) : Je te jure. Wow Bon, c’était très maladroit, mais j’ai compris que il est… En fait, ce qui l’avait convaincu, c’est que j’ai les cheveux blancs, que j’ai un certain âge, que j’ai une expérience, que j’ai fait une formation des PLG, que… Voilà. Et pour moi, c’est un argument, en fait, de vente, de dire que je suis une fille plus âgée que beaucoup. Oui, je pense qu’on a presque le même âge. Oui. Mais j’ai effectivement pas encore été chez eux, j’y travaille. Mais c’est surtout effectivement ton expérience que tu mets en avant. Oui. Consciemment. Oui. Et puis, bon, ma formation, quand même. Et moi aussi, le fait que j’ai habité au Québec, qui est plutôt un plus.
Benedicte Bergot (00:37:42.23 –> 00:41:15.33) : Voilà. Après, ça reste personnel à chacun, mais tout ce qui peut être un plus dans ton histoire, on peut le mettre en avant. Évidemment. Évidemment, parce que le fait que tu as été au Canada, plus le fait que ça fait depuis un petit moment que tu as ton entreprise, font que t’as une certaine expérience et donc, forcément, on peut penser que tu gères les projets différemment que ceux qui arrivent aujourd’hui sur le marché. Ce qui ne leur enlève rien. C’est juste un type des clients qui cherchent un type de décoratrice. Voilà, il y a de la place pour tout le monde, mais moi, je mets ça en avant. Et puis, dernièrement, jusqu’à maintenant, je disais, je veux pas, j’ai pas de style et je veux faire pour les gens et que ça leur corresponde vraiment parfaitement. Et puis, dernièrement, j’ai assemblé toutes mes photos sur mon site et je me disais, mais c’est pas possible, en fait. J’ai quand même un style. Oh, nice. Donc, j’ai essayé d’assembler tout ça. Je pense que tout le monde en a l’air. Et donc, toi et moi, on fait pas du tout la même chose, donc on ne se fait pas concurrence, on n’aura jamais les mêmes clients, tu vois. Ah non, non, on fait pas du tout la même chose et je pense que personne fait la même chose et c’est là-dessus, effectivement, il faut savoir et communiquer. Voilà. Qu’est-ce qui fait ta différence et qu’est-ce qui fait que les gens viennent vers toi et voilà. Moi, c’est clairement un truc coloré. J’ai grandi dans le sud de la France. J’ai une influence espagnole et je ne me vois pas ne pas mettre de couleur, quoi. Oui, tant que, bon, moi, je ne suis pas dans ce sens-là du tout. J’ai des influences beaucoup plus nordiques. Après, on a mis la boucle sur le même continent. Oui. Voilà. Donc, bon, j’ai des faiblesses aussi administratives, des choses que je ne sais pas très bien faire, mais ma force, mes forces, je les mets en avant et ça peut être vraiment… Tu vois, il y a des gens qui m’ont dit, je vous ai appelé parce que vous avez fait de la compétition de ski, parce que ça montre que vous êtes une fonceuse. Énorme. Donc, tu vois, le fait que je le mette sur mon site, ça a été un argument pour eux parce que ça a noté un état d’esprit. Tu sais, le sport, c’est très formateur dans l’esprit d’un jeune. Donc, à un moment donné, arrête de réfléchir, tu es en haut du slalom et tu y vas, tu y fous. Oui, bien sûr. Mais ça, c’est important ce que tu dis parce que ça veut dire qu’à un moment ou à l’autre, tu as quand même regardé tout ton parcours et tu as noté les choses importantes et tu as eu raison parce que tu as été effectivement appelée pour le fait que tu as fait du sport. Tu as été appelée parce que tu as des cheveux gris. Oui. Donc, pour ton expérience, tu as été finalement aussi appelée pour ta patte, même si tu ne voulais pas forcément l’avoir. Est-ce qu’il y en a qui t’ont appelée parce que, bonjour, je vous appelle parce que vous avez été en partenariat avec Ikea? Alors, bon, vu que j’en parle plus trop maintenant sur le site moins, pendant des années, les gens m’appelaient en disant « C’est vous la fille qui fête avec du Ikea? » Ben oui, oui. Donc, oui, j’étais connue et puis les vendeurs parlaient encore de moi des années après. Voilà, donc c’est resté longtemps et puis je suis tout à fait capable de faire une cuisine Ikea comme une cuisine ultra haut de gamme. Voilà, donc c’est vraiment… Oui. C’est l’un ou l’autre. C’est important ce que tu as fait, en fait, la formation entrepreneuriale parce que pour moi, ça t’a mis quand même sur des chemins autres que ce que tu avais pris avant. Et je peux que… Je pense que la plupart des CCI donnent ce type de formation.
Benedicte Bergot (00:41:17.42 –> 00:42:33.03) : Oui, le France Sans Plan aussi. Je crois que… France Sans Plan aussi. Moi, je l’ai fait sur l’association à mon CCI. Il y avait trois jours de… Voilà, c’est intéressant. Après, il y a aussi France Connect, je pense que ça s’appelle, qui t’apprend gratuitement tout ce qui est SEO, Internet, etc. Non, ce n’est pas BPI France. BPI France, merci. Vraiment, ça s’applique au pouvoir. Se former, pour moi, côté entrepreneuriat, est quelque chose qui est très important. Ensuite, tu viens de me dire, par contre, en termes de touches qui sont chiffrées hautes, je ne suis pas très forte. Non. Comment tu pallies ça ? Parce que là, ça fait des années que tu fais ça. Forcément, tu as fait deux ou trois fois ta compta, on va dire. Est-ce que tu as trouvé qu’un moment… moyen d’alléger ça et de travailler ça correctement ? Alors, moi, j’ai affiché Excel, je n’ai pas de comptable. Oui, parce que tu es toujours en micro. Oui, voilà, je suis toujours en micro. Là, j’envisage fortement de passer sur un autre statut. Je mets des choses en place pour basculer. Déjà, dernièrement, j’ai réussi à avoir ma décennale. Bravo, madame.
Benedicte Bergot (00:42:35.79 –> 00:46:58.36) : Depuis 12 ans qu’ils ne veulent pas me la donner, au début d’année, je me suis dit, allez, ton nouveau mantra cette année, c’est prends-toi au sérieux. Là, il y en a marre, tu fais un truc depuis 13 ans et tu ne te prends pas au sérieux. Oui, c’est fou. Et du coup, ça implique avoir une décennale. Ça commence par là, parce que l’année dernière, j’ai refusé deux gros projets de résidence seniors où il fallait avoir une décennale, c’était obligatoire. Donc, j’ai appelé une quinzaine d’assurances. Ils m’ont tous dit non. Et c’est l’assureur de mes parents qu’on connaît depuis longtemps, qui a bien voulu me donner une assurance à un prix quand même pas super intéressant. Je me suis dit, il faut le faire parce que sinon, tu ne vas jamais passer le cap. C’est parce que tu ne connaissais pas encore Julien Blondel. Mais si, je le connais. Et il a essayé, mais ils ont dit non aussi. Oui, parce que tu n’as… C’est fou. Donc là, tu te prends plus au sérieux cette année. Voilà, ça, c’est vraiment mon moment. Et Bénédicte, 2.0. Exact. Donc, bon, je ne sais pas pourquoi ce début d’année, mais voilà. Donc, tu vois, ça a pris du temps entre 2019 où je suis rentrée du Québec et aujourd’hui où je me dis, là, c’est maintenant. Vas-y, il y en a marre. C’est parce qu’en fait, les temps sont un peu durs en ce moment. On a quand même moins de projets. Et si je veux gagner au moins autant ma vie, si ce n’est plus, il faut que je me bouge. Donc, je fais ça. Je fais beaucoup plus de réseaux qu’avant. Je démarche un peu. C’est quelque chose que je n’avais jamais eu à faire. Parce que là, voilà, j’essaye des trucs. Et je fais aussi de l’achat-revente depuis très peu de temps grâce à toi. Je t’en prie. Donc, tu essaies d’avoir plusieurs caisses, en fait, de chiffre d’affaires dans ton entreprise. Oui, voilà. J’essaie de varier un petit peu. Je réfléchis à d’autres branches aussi. Bon, et après, dernièrement, j’ai aussi passé mon petit test de dyslexie. Et j’ai confié. J’ai confirmé que tous ces papiers administratifs étaient carrément très lourds d’ingres pour moi et que c’était aussi une des bonnes raisons qui fait que j’ai beaucoup de mal avec ça. C’est, voilà, à bientôt 50 ans, je suis officiellement dyslexique de ce que je sais depuis longtemps. Mais, voilà, ce n’est pas facile. D’accord. Donc là, pour le coup, ce sera peut-être aussi mal de prendre un comptable. Alors, ce ne sont pas les chiffres. C’est plus, tu vois, les papiers de l’avocat, des trucs comme ça. Je ne sais pas. Donc, enfin, c’est très compliqué. Oui, bien sûr. Alors, Bénédicte 2.0, c’est quoi pour la fin de l’année ? Alors, je travaille beaucoup sur ma confiance en moi, voilà, de diverses manières, notamment en fréquentant mes pères. Tu vois, l’archer week-end, je me suis discutée avec beaucoup de gens. Je me suis dit, ben, ouais, oui, super moment. Franchement, j’ai beaucoup apprécié. Et puis, j’ai discuté avec des filles à la fin qui commençaient, des filles qui avaient beaucoup plus d’expérience, des filles qu’on n’entend que sur des podcasts et qu’on ne voit jamais. Et du coup, c’est super intéressant de discuter avec. Et je me suis dit, ben, ouais, j’ai ma place. Moi aussi, ça fait longtemps. Comme dit Mathieu, à Gêles, 70% ne seront plus là. Attends, je ne sais pas combien de temps. Tu sais. 4 ans. Voilà. Mais moi, je suis encore là. Donc, c’est qu’il doit y avoir une raison quelque part. Ben oui, ça veut dire que tu as un parcours qui est quand même très intéressant, plutôt atypique. Ça fait 13 ans que tu arrives quand même à t’en sortir un salaire tous les mois. Tu as quand même une patte, ce qui est bien à noter. Tu t’es organisée pour que ça roule quand même. Aujourd’hui, que ça roule un peu moins bien, tu sors en fait tes doigts et tu sors de chez toi. C’est extrêmement important. Et tu n’as pas chiné. Tu as quand même fait une formation d’entrepreneuriat au moment que c’était possible en te rendant compte que ça, tu aurais peut-être dû le faire avant. Ah oui. C’est vraiment un conseil que je donne à toutes ceux qui commencent, à toutes celles, parce que c’est beaucoup des filles. Commencez par là. Et puis même dans n’importe quelle entreprise, en fait. N’importe quel projet entrepreneurial, faites-vous accompagner. Deviens entrepreneur avant de devenir décoratrice ou architecte. Mais bon, personne ne te le dit. Moi, moi, je le dis depuis 2020. Oui.
Benedicte Bergot (00:47:00.68 –> 00:47:27.96) : Moi, vraiment, j’ai continué mon métier et j’ai fait de la déco. Mais vraiment, monter une boîte, ce n’était pas du tout mon projet de base. Mais si tu ne fais pas ça, en fait, à un moment donné, tu vas te ramasser. Oui. Autant te ramasser quand tu es responsable du fait que tu te ramasses. Oui. Voilà. Si tu es sûre que tu as tout fait comme il faut et que tu as tout essayé, tu n’as pas de regrets.
Benedicte Bergot (00:47:30.86 –> 00:48:14.28) : Merci beaucoup, Bénénite. Merci à toi. J’ai eu envie de discuter avec toi. Je suis très contente et je te dis à très bientôt. J’espère que tu as déjà pris ton billet pour l’Archive Week-end de 2025. Non, pas encore. Il va falloir y aller. Parce que c’est sur trois jours. Alors, je me suis dit, bon, il faut que je réfléchisse. Il y a deux jours. Si tu veux. Tu peux y aller sur deux jours. J’ai juste une petite information pour toi. L’Archive Week-end, j’ai eu M. Agélo au téléphone hier. Il y a 800 places. Il y en a 550 qui sont déjà parties. OK. Bon. Tu coupes deux, voilà. Oui. Je serai là. Donc, si tu peux être là aussi, ce sera sympa. OK. Bon. Super. Je vous remercie, Bénédicte. Merci à toi.
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