Un épisode Hors-séries – LE MÉTIER D’UN ARCHITECTE D’INTÉRIEUR –

Comprendre en détail les métiers de la décoration, de l’architecture intérieure et de l’architecture : une série en trois volets

Pour clarifier les différences entre les décorateurs d’intérieur, les architectes d’intérieur, et les architectes (HMONP et DPLG), je vous propose une trilogie passionnante sur le sujet.

Nous continuons la trilogie avec Christophe Sarlandie, architecte d’intérieur basé à Lyon et vice-président du Conseil Français des Architectes d’Intérieur (CFAI).

Dans cet épisode, nous plongeons dans le monde très concret de l’architecture d’intérieur. Christophe nous révèle les spécificités de ce métier, souvent mal compris, et aborde les différences clés entre architectes, architectes d’intérieur, et décorateurs. Il partage des anecdotes inspirantes de projets croisés en France et en Suisse, et met en lumière les défis et les beautés d’un métier qui nécessite toujours de jongler entre technicité et esthétique. Les nuances de la collaboration entre ces professions, ainsi que la question cruciale de l’assurance décennale, sont également explorées avec précision.

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Les chapitres :

00:00:01 – Introduction et présentation de Christophe Sarlandi
00:00:47 – Parcours professionnel et compétences de Christophe Sarlandi
00:01:37 – Définition et spécificité du métier d’architecte d’intérieur
00:03:52 – Collaborations et limites légales de l’architecte d’intérieur
00:05:38 – L’importance de l’assurance décennale
00:07:22 – Le titre d’architecte d’intérieur et ses implications
00:10:05 – La formation et les défis actuels du métier
00:12:12 – Pourquoi choisir le métier d’architecte d’intérieur
00:15:11 – Le rôle et l’importance du CFAI
00:19:36 – Collaboration entre architectes et architectes d’intérieur”

Transcription (non-corrigé)

Floortje (00:00:01.33 –> 00:00:39.67) : Alors, aujourd’hui avec moi, Christophe Sarlandi, il est architecte d’intérieur à Lyon, dans l’atelier Christophe Sarlandi, qui porte donc son nom depuis 15 ans. Il est également vice-président de CFAI, ça veut dire Conseil français des architectes d’intérieur. Aujourd’hui, il est avec moi dans cette capacité-là. C’est le deuxième interview que je prépare dans un triptyque qui a pour sujet des spécificités de métier. Les différences et les recommandations à suivre pour les architectes, architectes d’intérieur et pour les décorateurs. Salut Christophe !

Christophe (00:00:40.29 –> 00:00:47.24) : Bonjour Flore ! Je suis ravie que tu aies avec moi. Partagé, toujours heureux de pouvoir échanger et partager sur ce métier.

Floortje (00:00:47.78 –> 00:00:57.98) : Est-ce que peux-tu, pour commencer, me faire un petit retour sur, justement, Christophe, ton agence et comment ça se fait que tu es là aujourd’hui ?

Christophe (00:00:58.90 –> 00:01:37.64) : Bien sûr ! Alors, moi je suis en Église. J’ai fait mon exercice depuis 15 ans. Je suis titulaire du Diplôme supérieur d’art appliqué options architecture, intérieur et environnement. J’ai partagé ma vie professionnelle entre mon atelier et l’enseignement. J’ai cette double casquette de pratique professionnelle et d’enseignement auprès des jeunes générations. Effectivement, je travaille sur Lyon depuis plus d’une dizaine d’années. Et plus récemment, j’ai ouvert un second atelier à Divonne-les-Bains, à côté de Genève. Mon agence est spécialisée dans l’habitat de qualité. Et notamment avec une forte coloration sur l’international. Je travaille également en Suisse. Super, merci !

Floortje (00:01:37.64 –> 00:01:47.00) : Alors, on va rentrer tout de suite dans le vif du sujet. Selon toi, en quoi consiste spécifiquement le métier d’un architecte d’intérieur ?

Christophe (00:01:48.25 –> 00:02:58.15) : Sur cette question, je répondrai en citant Roger Fatus, qui a été directeur de l’école Camondo dans les années 80, après avoir enseigné aux arts décoratifs et à Penningen. Sa définition est la suivante. C’est un créateur d’espace à l’intérieur du cadre bâti. C’est quelqu’un qui respecte l’architecture en la menant à son terme. C’est analyser les contraintes d’un bâtiment à une échelle différente de celle de l’architecte, celle de l’individu. Mais c’est aussi valoriser son utilisation sur une durée particulière, celle de l’instant. Un architecte d’intérieur est un professionnel qui évolue dans le cadre bâti, dans l’architecture, qui intervient sur des bâtis existants et les transforme, les valorise, dans un processus de conception similaire à celui des architectes, mais à une échelle réduite, à l’échelle justement de l’individu, où l’objectif est cette fois-ci de valoriser des scénarios d’usage, des modes de fonctionnement intérieurs, avec les fondamentaux qui sont ceux de l’architecture, les pleins, les vides, les tensions, des lignes, des déséquilibres, le travail de la lumière, et d’arriver à orchestrer un projet depuis la conception, jusqu’au premier coup de crayon, jusqu’à la réception du chantier.

Floortje (00:02:58.15 –> 00:03:03.79) : Donc en passant par une phase de maîtrise d Et on est donc toujours sur de l’existant ?

Christophe (00:03:04.20 –> 00:03:52.24) : On est donc toujours sur de l’existant ? Pas totalement. En effet, on peut travailler en collaboration avec une agence d’architecture sur un projet de construction. L’architecte d’intérieur n’est pas architecte HMONP, il n’a pas vocation à bâtir, la loi française est très claire à ce sujet. Toutefois, dans un projet de collaboration, il est possible, si l’on envisage par exemple un hôtel, d’avoir une collaboration entre un architecte qui va s’occuper travail architectural et d’un architecte d’intérieur qui va apporter son regard plus précis sur les organisations intérieures, peut-être la vie des chambres, des espaces communs, un travail sur les matières, bref, sur un changement d’échelle. Notamment, nous pouvons voir des collaborations intéressantes entre architectes et architectes d’intérieur sur des approches globales et en général sur un côté beaucoup plus qualitatif du projet.

Floortje (00:03:52.66 –> 00:04:05.76) : Bien sûr. Là, on a déjà touché un peu à une notion de limite. Est-ce que tu peux m’éclairer vraiment sur les limites posées sur le métier de l’architecte d’intérieur ?

Christophe (00:04:07.08 –> 00:05:34.76) : Un point qui est fondamental pour nous, c’est la loi dite Spinetta de la fin des années 70 qui donne un cadre qui est le nôtre actuel en tout cas pour l’exercice du métier. En effet, la loi Spinetta a défini de manière très précise le mode de fonctionnement du métier d’architecte avec la réglementation que nous connaissons, c’est-à-dire la possibilité de construire au-delà des 150 mètres carrés et un certain nombre de règles sur lesquelles je ne m’étendrai pas, mais en tout cas qui sont posées. L’architecte d’intérieur, lors de la création de cette loi, n’a pas été défini. Il s’est retrouvé quelque part en limite de ce processus-là. Le métier d’architecte d’intérieur permet d’effectuer des constructions jusqu’à 150 mètres carrés, même si à mon sens, ce n’est pas forcément le point de départ. Mais en tout cas, il est lié à un statut qui est celui de constructeur. En effet, le code civil, l’article 1792 du code civil, indique qu’une personne qui intervient dans le bâti pendant la conception ou pendant la réalisation est un constructeur. La limite professionnelle est celle-ci. Les limites exclusives de l’architecte ayant réalisé des études avec l’habilitation à la maîtrise d’œuvre ou son nom propre, inscrit à l’ordre des architectes, c’est un point qui est défini, qui est très clair, et en complément de cela, l’architecte d’intérieur intervenant dans le domaine de l’architecture et donc du cadre bâti est considéré par le code civil comme constructeur et donc doit répondre aux obligations du constructeur, en particulier l’assurance décennale.

Floortje (00:05:38.45 –> 00:05:51.26) : Donc, si j’écoute bien, on arrive enfin sur le fait qu’une décennale est obligatoire ainsi pour un architecte, comme pour un architecte intermédiaire.

Christophe (00:05:52.60 –> 00:06:48.78) : Absolument, absolument. La mutuelle des architectes français, qui assure grand nombre d’architectes d’intérieur et d’architectes naturellement, définit de manière assez précise en tant qu’assureur le bagage assurantiel nécessaire pour exercer, dont cette fameuse décennale. Nos confrères architectes, eux, sont couverts pour l’ensemble de leurs actions, c’est-à-dire la construction, la rénovation. Nous, architectes d’intérieur, nous avons une assurance décennale sur une partie qui peut toucher aux secondes œuvres, donc tous les éléments qui ne constituent pas le gros œuvre, mais aussi sur le gros œuvre, ce qui nous permet, par exemple, de modifier une façade, de créer une trémie, de modifier le bâti existant. Donc, effectivement, le code civil est très clair sur ce point-là. L’assurance décennale est une obligation légale. Il y a des sanctions qui sont lourdes pour les professionnels qui ne le respectent pas, qui imputent au constructeur, donc à l’architecte d’intérieur.

Floortje (00:06:50.22 –> 00:07:22.42) : Je sais que je dévie un tout petit peu du sujet, mais j’ai vraiment une question, quand même, au niveau des assurances. Et puis, tu as l’air d’être vachement au point. Du coup, une fois que tu as le titre, on va dire, et je sais que je suis en train de me mettre un peu sur du terrain, un peu miné sur tout ce qui est titré officiel, etc. Quand on dit qu’on est architecte d’intérieur, on a l’obligation d’avoir un décennal, ou est-ce que l’obligation du décennal, vient avec ce qu’on pratique sur le terrain ?

Christophe (00:07:22.42 –> 00:10:10.15) : ‘est une question qui est tout à fait pertinente. C’est en fait la question de la limite. Autant la loi Spinetta a défini de manière très précise le métier d’architecte et ce qui est réglementé, ou on fait certaines choses qui rentrent dans le métier d’architecte, on peut être poursuivi par l’ordre régional, donc les choses sont très claires à ce niveau-là. Malheureusement, la loi Spinetta a laissé un doute, et en tout cas quelque chose qui n’est pas extrêmement précis, pour les autres métiers d’architecte. La problématique, elle est très simple aujourd’hui, c’est que nous voyons en effet des formations qui permettent d’obtenir ce titre d’architecte d’intérieur, des formations publiques et privées, le CFI en reconnaît 17 par exemple, dont des écoles comme les Arts décoratifs, l’école Poul Penningen, et des écoles dans différentes régions très qualitatives. Malheureusement aujourd’hui, en tout cas c’est notre point de vue, chacun peut se dire architecte d’intérieur de manière totalement libre. Ce qui fait que si l’on regarde, par exemple, les pages jaunes, on tombe sur des cuisinistes, sur des personnes qui sont des professionnels du bâtiment, des agenceurs, qui utilisent ce titre pour une simple vocation marketing. On va chercher un argument de vente qui est plus percutant. Toutefois, l’apprentissage et surtout la pratique ne sont pas forcément au rendez-vous. Pour être architecte d’intérieur, en fait architecte d’intérieur, si on regarde par rapport à la loi, à nouveau, c’est la question de constructeur. Qui dit constructeur, dit assurance décennale pour toute la mission. C’est vraiment le point essentiel. Donc, comme je l’évoquais avec certains confrères, en fait je dirais montre-moi ton assurance professionnelle, je te dirai qui tu es. Un professionnel qui travaille indépendant, bien sûr un salarié n’a pas besoin d’assurance, vu qu’il ou elle travaille pour un employeur qui lui-même doit souscrire à cette obligation d’assurance. Une personne exerçant en son nom ou dans le cadre de sa société, doit être assurée en assurance civile, et décennale, pour pouvoir exercer tel que indiqué par la loi. Toutefois et malheureusement, il n’y a pas de contrôle au moment de la création de l’entreprise, ou au moment du début d’activité. Des métiers réglementés, des métiers pour lesquels il y a des prérequis, nombreux sont ces métiers, dans le bâtiment par exemple, un coach sportif doit être à des obligations, un coiffeur qui monte son studio à des obligations. Architecte d’intérieur, on est très clair au niveau de la réglementation, toutefois vu qu’il n’y a pas de contrôle a priori, chacun peut se lancer pour le meilleur et pour le pire. Et ce qui fait que nous voyons très concrètement sur le terrain, des situations extrêmement hétéroclites, avec des discours variables, des professionnels qui des fois ne sont pas assurés, et prétendent que parce qu’ils ont fait signer un document de décharge, ils se dédouanent du cadre légal.

Floortje (00:10:11.41 –> 00:10:23.23) : Et pas aidés par un certain nombre de formations, qui se lancent et qui utilisent quand même mal aussi les mots d’architecte d’intérieur, j’ai envie de dire.

Christophe (00:10:24.75 –> 00:12:12.13) : Je partage bien sûr ce point de vue, c’est-à-dire que notre métier fait l’objet depuis 10, 15 ans, d’une forme de médiatisation assez impressionnante. Là aussi, il y a du positif, mais il y a aussi des effets pervers. C’est-à-dire qu’il y a une image portée auprès du grand public, et notamment des jeunes générations, d’un métier avec quelque part, une loupe un peu déformante, où on met en avant exclusivement l’esthétique, le design, le luxe, une dimension presque un peu fantasmatique d’une pratique professionnelle qui n’est pas du tout équivalente. À nouveau, je l’ai bien indiqué plus tôt, c’est un métier dans le domaine de l’architecture. Dit architecture, dit chantier, dit normes, dit précisions, notre vie, ce n’est pas le fait d’aller dans des showrooms et de voir exclusivement des matériaux extrêmement luxueux. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Même sur des projets haut de gamme, il y a une dimension technique, réglementaire importante. Ce que nous voyons depuis un certain nombre d’années, c’est une tendance à avoir une formation qui a tendance à être dégradée par le bas, c’est-à-dire de plus en plus rapide, dépouillée de contenus culturels, où on a tendance à dire, parce que le professionnel est mis en avant, que des connaissances en histoire de l’art, ce n’est pas important, qu’une dimension rédactionnelle, ce n’est pas important, que la culture générale, c’est très secondaire, et que parce qu’on apprend SketchUp et quelques associations de matériaux ou de couleurs, on devient architecte d’intérieur. Malheureusement, vu qu’il n’y a pas, en tout cas, de cadre obligatoire par rapport à ça, nous voyons progressivement des professionnels entrer sur le marché, parfois sans se rendre compte, avec des compétences qui sont malheureusement de plus en plus courtes et qui se retrouvent sur un marché du travail avec un bagage de compétences qui les limite et de même dégrade globalement la perception de ce qu’est un architecte d’intérieur dans son exercice professionnel complet.

Floortje (00:12:12.13 –> 00:12:25.29) : Je comprends. Pour remédier un tout petit peu à ça, est-ce que tu peux me dire pourquoi on devrait choisir ce métier d’architecte d’intérieur dans toute son splendeur et sa forme ?

Christophe (00:12:26.67 –> 00:14:32.29) : C’est une question intéressante. Je ne pense pas avoir besoin de faire la publicité du métier d’architecte d’intérieur vu l’engouement actuel. C’est un métier qui est très riche car il touche à de nombreuses compétences. Il y a à la fois une dimension esthétique et technique, un relationnel humain qui est très fort que ce soit au niveau de la clientèle ou des entreprises. Il y a un côté logistique. C’est un métier qui touche à une large palette de compétences et ce qui en fait tout son intérêt. Chaque projet est une aventure, une découverte d’un environnement, de clients, d’un cadre bâti. Ce qui fait que c’est très riche. C’est aussi la complexité. C’est un métier qui demande en permanence de se tenir au bout du jour, de se renouveler. Et d’explorer de nouveaux défis. Dans mes premières années professionnelles, j’ai collaboré avec un architecte qui avait 50 ans de métier qui m’a dit qu’il en apprend tous les jours. C’est quelqu’un qui avait fait toutes sortes de bâtiments, de petites maisons individuelles, de gros projets de concours. C’est ça qui est à la fois totalement passionnant mais aussi extrêmement exigeant. Il est difficile de se reposer sur ses lauriers. C’est un domaine dans lequel les projets s’enchaînent les uns après les autres. Il est difficile d’avoir vraiment une visibilité parce qu’on ne vend pas un produit fini, on vend un service. C’est à la fois très riche et très intéressant. Par contre, j’aurais tendance à dire pour les personnes qui s’y intéressent, soyez très vigilants et vigilantes à ne pas voir la partie immergée de l’iceberg. Ne pensez pas que c’est un métier qui ne s’intéresse qu’au beau, au choix de jolis meubles et à des projets glamour. La réalité, c’est beaucoup de temps à travailler, en l’occurrence moi sur Archicad, gérer de la relation clientèle qui est quelque chose de complexe, parler à des entrepreneurs. Tout ça est certes totalement passionnant mais exigeant, stressant aussi. Je pense que tous les professionnels du métier pourront le dire. C’est quelque chose qui est stressant dans les moments de coup de bourre où nous avons beaucoup de travail et les journées sont très chargées, des séquences où inévitablement le carnet de commande est moins rempli,

Christophe (00:14:36.73 –> 00:15:04.37) : c’est un métier difficile. J’étais encore en études pendant la crise de 2008 où je voyais toutes les agences serrer les dents. Depuis deux ans, on voit que la situation est globalement difficile pour notre métier. C’est un métier qui est à la fois totalement passionnant mais de ne pas se bercer d’illusions et être happé par des visions marketing et avoir uniquement le bon côté, c’est un métier difficile qui demande de la tenacité. C’était le conseil qu’un professionnel m’avait donné en commençant. Il m’a dit que dans ce métier,

Christophe (00:15:06.73 –> 00:15:10.35) : c’était probablement essentiel pour pouvoir l’exercer et surtout l’exercer longtemps.

Floortje (00:15:11.69 –> 00:15:26.05) : Là-dedans, est-ce que tu peux m’expliquer ce que CFAI t’apporte et apporte au métier et pourquoi un architecte d’intérieur devrait justement s’intéresser au CFAI ?

Christophe (00:15:26.78 –> 00:16:05.76) : Bien sûr. Le Conseil français des architectes d’intérieur existe depuis l’année 2000. C’est l’évolution d’une structure qui est apparue dans les années 80, à cette loi Spinetta qui s’appelait l’OPQAI, Office professionnel de qualification des architectes d’intérieur. Le CFAI, cette structure qui est une association professionnelle qui existe depuis 2000, donc depuis près de 25 ans, s’intéresse à la qualification et la reconnaissance du métier d’architecte d’intérieur. Je l’ai dit un peu plus tôt quelque part. Aujourd’hui, n’importe qui peut se dire architecte d’intérieur. Pour le meilleur, si on voit l’accès au métier,

Christophe (00:16:08.26 –> 00:19:34.86) : pour la personne qui s’intéresse à ce métier, bien difficile de trouver le véritable professionnel de celui qui ne l’est pas. L’objectif du Conseil français des architectes d’intérieur, c’est de définir la compétence professionnelle justement de celles et ceux qui l’exercent. En l’absence de positionnement clair de l’État, et ce malgré des formations publiques et privées en bas de plus 5, malgré des organisations notamment européennes, je pense à l’European Council of Interior Architects, aujourd’hui, il n’y a pas de possibilité de faire le tri dans ces points-là. De même dans la formation, vous voyez les formations en 5 ans, en 3 ans, en 1 an, en 3 mois maintenant, très compliqué pour le tout un chacun de s’y retrouver. Le CFAI a un objectif, c’est de définir les compétences nécessaires aux professionnels pour travailler qualitativement pour ses clients et aussi pour lui-même. Donc c’est un processus qui permet avec deux voies d’accès, la voie des études complétées par une pratique professionnelle ou la voie professionnelle, avec des dossiers à fournir, des passages devant jury, d’avoir une reconnaissance de par ses pairs, de par des professionnels architectes d’intérieur qui travaillent et qui ont les compétences complètes et avérées pour gérer un projet de bout en bout, de s’assurer de ce point-là. Donc c’est une démarche personnelle, ce n’est pas une démarche qui est lucrative, c’est une association professionnelle où l’objectif est de définir les compétences professionnelles pour pouvoir exercer et pour pouvoir apporter quelque part ce label de qualité pour dire dans ce paysage de l’architecture intérieure dans lequel nous n’avons pas finalement de critères stricts et où au final il est bien difficile pour le tout un chacun de s’y repérer, le Conseil français des architectes d’intérieur définit un mode d’exercice et le professionnel peut s’appeler architecte d’intérieur reconnu par le CFA. Il y a des avantages qui sont le fait d’être soutenu, c’est-à-dire que c’est un métier à nouveau complexe, je passe notamment au niveau du juridique, nous avons une commission de recours et conciliation quand on a des problèmes sur un chantier, quand on a des problèmes avec les clients. Il s’agit également de gagner en crédibilité dans ses premières années professionnelles ou même quand on a une pratique professionnelle d’avoir un élément qui distingue de pratiques différentes pour ne pas accentuer le trait ou des choses qui sont plus diluées. C’est bénéficier davantage, nous avons notamment réalisé un kit méthodologique qui permet de décrire très précisément tous les points professionnels importants dans la conception et dans le suivi de chantier. C’est un accès privilégié à l’assurance décennale avec un partenariat notamment avec la Mutuelle des architectes français et c’est également l’idée de s’engager. Nous voyons aujourd’hui une profession qui est à la fois très en vue et en même temps qui part un petit peu dans tous les sens avec des pratiques commerciales relativement débridées. Nous pensons que c’est les architectes d’intérieur eux-mêmes qui devraient avoir voix au chapitre et orienter les choses de manière pertinente dans l’avenir de la profession. Nous pensons par exemple que cette marche en avant un peu effrénée du nombre d’apprenants est quelque chose qui n’est pas porteur pour la profession. Si nous sommes dans une situation ultra concurrentielle où des agences pour se battre pour des petits projets sont sollicitées de manière massive, quel avenir pour la profession ? C’est cet objectif-là. Le point de départ et le point structurant c’est se limiter à la reconnaissance de la compétence professionnelle et de dire au pouvoir public, aux clients, aux partenaires un architecte d’intérieur, ce sont ses compétences en conception et en réalisation avant tout.

Floortje (00:19:36.28 –> 00:19:37.46) : J’ai une dernière question

Floortje (00:19:39.48 –> 00:20:04.24) : sur quelque chose où je sais que tu es assez partisan. Toi, tu es le deuxième du triptyque. Il y a eu le côté décorateur d’intérieur, il y a eu l’architecte HMONP, maintenant l’architecte d’intérieur. Je sais que toi, tu as une vision sur la possibilité de ces trois métiers de fonctionner ensemble. Est-ce que tu peux juste toucher un petit mot là-dessus pour terminer ?

Christophe (00:20:05.23 –> 00:23:11.63) : Bien sûr. C’est vrai qu’on voit malheureusement des présentations qui sont des fois très antagonistes où on a l’impression que les architectes sont en conflit avec les architectes d’intérieur ou inversement, les décorateurs, bref. Tout ça, à mon sens, vient de l’absence de définition claire des pratiques professionnelles. Effectivement, autant le métier d’architecte est régi par un ordre, les choses sont de ce côté-là très précises, ça n’est pas forcément du moment où il y a de la confusion, cela entraîne une situation qui n’est pas forcément, en tout cas à mon sens, très favorable. Je crois au contraire que ce sont des professions qui sont riches et qui peuvent s’appuyer les unes les autres. Par exemple, à titre d’exemple, aujourd’hui, je travaille avec un architecte qui est en fin de carrière, qui a travaillé dans l’hôtellerie haut de gamme et qui aujourd’hui fait son appartement dans Lyon. Il m’a sollicité pour avoir un regard différent, pour avoir un regard de petite échelle et pour lui apporter de la contradiction. Un architecte avec 40 ans de métier ayant travaillé dans ce domaine-là est capable, intellectuellement, est capable, même en termes de posture, de collaborer avec un architecte d’intérieur qu’il va rémunérer, cela montre bien qu’il y a des porosités. De même, j’ai pu voir sur des projets d’hôtellerie à nouveau, des collaborations entre des architectes, des architectes d’intérieur et des décorateurs, où chacun apporte sa plus-value, parce qu’un décorateur sera expert dans des choix de matériaux, dans des choix de détails, l’architecte d’intérieur aura un regard de précision et l’architecte aura une vision englobante de tout ce point. Ce qui est certain, c’est qu’il faut aussi les marcher pour avoir l’opportunité de collaborer. Mais en tout cas, ce qui est certain, c’est que ces métiers sont pour moi complémentaires tant qu’ils sont exercés de manière claire et précise. Un architecte qui va s’occuper d’une opération de 40 logements va travailler en milliers de mètres carrés n’aura pas le même regard qu’un architecte d’intérieur qui sera à une toute autre échelle, qui rapidement sera dans un travail au cinquantième, au vingtième, ou peut-être même au-delà. Non pas parce que sa compétence est foncièrement différente, mais parce que son expérience et son regard est également beaucoup plus dans le détail. A titre personnel, j’ai pu collaborer avec des décorateurs qui sont venus m’apporter un regard sur du détail, une touche, une association de matière qui est relativement spectaculaire et qui est très intéressante. Ce qui est certain, par contre, c’est que pour que ces associations soient réussies, il nous faut aussi des marchés clairement définis. Et quand on se retrouve finalement à ce que chacun fasse plus ou moins le métier de l’autre de manière plus ou moins anarchique, c’est là où ça apporte des complexités. Donc moi, mon discours que j’ai sur ce point-là, c’est soyons bons dans ce que nous savons faire. Architecte d’intérieur, je ne construis pas de maison. Même en dessous des 150 mètres carrés, ça n’est pas mon expertise, ce ne sont pas mes études et ce n’est pas là où je serai le meilleur. Et de la même façon, je pense que ces trois fonctions peuvent tout à fait se répondre et tout à fait être porteuses. Pour ça, il s’agit de bien définir les savoir-faire des uns et des autres, les expertises surtout. Quand on est pour quelque chose, on n’a pas besoin finalement d’aller empiéter sur les plates-bandes de ce que font les autres, mais il s’agit encore une fois de développer l’expertise et d’être très clair dans le savoir-faire, dans la pratique et dans l’exercice professionnel de chaque personne qui travaille dans ce domaine.

Floortje (00:23:12.25 –> 00:23:26.95) : Merci beaucoup, Christophe. Rêvons d’un monde où effectivement tout le monde peut travailler ensemble et apporter justement son expertise et son savoir-faire aux autres. Un grand merci d’être intervenu. Merci à toi. J’espère à bientôt.

Christophe (00:23:27.51 –> 00:23:28.35) : Très volontiers.ur votre plateforme préférée.